Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/198

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divines Écritures, sont condamnés à pécher et à s’égarer souvent, puisqu’ils marchent au milieu des plus éparses ténèbres. Pour éviter ce malheur, ouvrons les yeux à l’éclat des paroles de l’Apôtre ; car la langue de Paul surpasse le soleil en splendeur, et son enseignement brille par-dessus tous les autres. Parce qu’il a plus travaillé que les autres, il s’est attiré de grandes grâces du Saint-Esprit, et je le prouverais, non seulement par ses épîtres, mais encore par ses actes. En effet, s’il s’agissait de parler, chacun lui cédait la place ; aussi les infidèles le prenaient-ils pour Mercure (Act. 14,11), parce que son éloquence était sans rivale. Mais avant d’aborder cette épître, il est nécessaire d’assigner l’époque où elle fut écrite. Elle n’a point précédé toutes les autres, comme beaucoup le pensent ; mais elle est la première de celles qui ont été envoyées de Rome, et postérieure à plusieurs des autres, si, ce n’est à toutes : car les deux aux Corinthiens lui sont antérieures. Cela est démontré par les paroles qu’on lit vers la fin : « Maintenant je vais à Jérusalem pour servir les saints. Car la Macédoine et l’Achaïe ont trouvé bon de faire quelques collectes en faveur des pauvres, des saints qui sont à Jérusalem ». (Rom. 15,25-26) Il écrit encore aux Corinthiens : « Que si la chose mérite que j’y aille, ils viendront avec moi » (1Co. 16,4), en parlant de ceux qui devaient porter cet argent. D’où il résulte clairement que quand il écrivait aux Corinthiens, son voyage était encore incertain ; tandis qu’il était certain et arrêté, quand il écrivait aux Romains. Or ce point, une fois établi, il est évident que la lettre aux Romains a été écrite après celle aux Corinthiens.

L’épître aux Thessaloniciens me paraît également avoir précédé celle aux Corinthiens. Car c’est après avoir écrit à ceux-là et parlé de l’aumône en ces termes : « Quant à la charité fraternelle, nous n’avons pas besoin de vous en écrire, puisque vous avez appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, et c’est aussi ce que vous faites à l’égard de tous les frères » (1Th. 4,9-10), qu’il écrit ensuite à ceux-ci, comme le prouvent ces paroles : « Car je connais votre bon vouloir, pour lequel je me glorifie de vous près des Macédoniens, leur disant que l’Achaïe est préparée dès l’année passée, et que votre zèle a provoqué celui du plus grand nombre ». (2Co. 9,2) Ce qui prouve qu’il avait d’abord traité ce sujet avec eux. Mais si cette épître aux Romains est postérieure à celle-là, elle est antérieure à toutes celles que l’Apôtre a écrites de Rome ; car il n’était pas encore venu à Rome quand il l’écrivit, comme il l’indique lui-même, en disant : « Car je désire vous voir pour vous communiquer quelque chose de la grâce spirituelle ». (Rom. 1,11) Or, c’est de Rome qu’a écrit aux Philippiens, aussi leur dit-il : « Tous les saints vous saluent, principalement ceux qui sont de la maison de César ». (Phi. 4,22) C’est aussi de là qu’a écrit aux Hébreux, puisqu’il leur dit : « Les frères d’Italie vous saluent tous ». (Heb. 13,24) C’est également de Rome, quand il était dans les fers, qu’il envoie sa lettre à Timothée, et celle-ci me semble la dernière de toutes, comme on le voit par la fin : « Car pour moi je suis comme une victime qui a déjà reçu l’aspersion pour être immolée, et le temps de ma délivrance approche ». (2Ti. 4,6) Or, personne n’ignore que c’est là qu’il a fini sa vie. L’épître à Philémon est aussi parmi les dernières ; car il l’a écrite dans son extrême vieillesse, ainsi qu’on le voit par ces mots : « Comme le vieux Paul, maintenant prisonnier de Jésus-Christ ». (Phm. 9) Or, elle a précédé celle aux Colossiens, ainsi qu’on le voit à la fin de celle-ci, où il dit : « Tychique, que j’ai envoyé avec Onésime, mon serviteur fidèle et bien-aimé, vous racontera tout ». (Col. 4,7) Or, cet Onésime, est celui en faveur de qui il a écrit