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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/261

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glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu », il nous découvre tous les biens à venir. Il dit avec raison : « En laquelle nous sommes établis ». Car telle est la grâce de Dieu ; elle n’a pas de fin, elle n’a pas de terme, mais elle croît toujours : ce qui n’est point le propre des choses humaines. Par exemple, quelqu’un est en possession d’une dignité, d’un honneur, d’un pouvoir ; il ne les conserve pas toujours, mais il en déchoit promptement, car s’ils ne lui sont pas enlevés par un homme, du moins la mort l’en dépouillera complètement. Il n’en est pas ainsi du don de Dieu : ni l’homme, ni le temps, ni les évènements, ni le démon même, ni la mort ne peuvent nous en priver ; c’est quand nous mourons, que nous sommes le plus assurés de les posséder, et nos jouissances ne font que s’accroître de plus en plus. Si donc vous n’avez pas de foi aux biens à venir, croyez-y du moins d’après les biens présents et d’après ce que vous avez déjà reçu. C’est ce qui fait dire à Paul : « Et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu », afin que vous sachiez dans quelle disposition doit être l’âme du fidèle. Car il faut être pleinement assuré, non seulement des biens accordés, mais encore des biens futurs, comme s’ils étaient déjà donnés. On se glorifie des biens qu’on a reçus ; mais, nous dit-il, puisque l’espérance des biens à venir est aussi ferme, aussi certaine, que la possession même de ceux que l’on a reçus, il faut donc également s’en glorifier ; et pour cela il leur donne le nom de gloire. Si en effet ils contribuent à la gloire de Dieu, ils arriveront certainement, sinon à cause de nous, du moins à cause de lui : Mais à quoi bon, répond-il, dire que les biens à venir méritent qu’on s’en glorifie ? Nous pouvons nous glorifier même des maux présents et en être tiers ; aussi ajoute-t-il : « Mais outre cela, nous nous glorifions encore dans les tribulations (3) ». Songez quels seront les biens futurs, puisque nous nous glorifions même de ce qui paraît un mal. Tel est le don de Dieu ; il n’y a rien en lui de désagréable.
Dans l’ordre des choses humaines, les combats entraînent des peines, des douleurs, dés misères ; seules les couronnes et les récompenses procurent de la joie ; ici, il n’en est pas de, même, car la lutte est aussi agréable que le prix. Comme alors les épreuves étaient nombreuses, que le royaume n’existait qu’en espérance ; que les maux étaient présents, les biens en expectative, et que cela brisait le courage des plus faibles ; l’apôtre leur distribue des encouragements avant l’heure des couronnes, en leur disant qu’il faut se glorifier dans les tribulations. Il ne dit même pas : Il faut se glorifier, mais : « Nous nous glorifions », en les encourageant par son propre exemple. Et comme, il pouvait paraître étrange, incroyable, qu’on dût se glorifier dans la faim, dans les chaînes, dans les tourments dans les injures et les opprobres, il en donne la preuve ; et ce qu’il y a de plus fort, c’est qu’il affirme qu’on doit s’en glorifier, non seulement en vue de l’avenir, mais même dans le présent ; parce que les tribulations sont par elles-mêmes un bien. Pourquoi ? Parce qu’elles exercent à la patience. C’est pourquoi, après avoir dit : « Nous nous réjouissons dans les tribulations », il en donne la raison en ces termes : « Sachant que la tribulation produit la patience ». Voyez encore une fois la ténacité de Paul, et comme il retourne le sujet en sens contraire. Comme les tribulations décourageaient des biens à venir et jetaient dans le désespoir, il leur dit qu’elles doivent par elles-mêmes inspirer du courage et qu’il ne faut point désespérer de l’avenir. « Car la tribulation produit la patience ; la patience, l’épreuve ; et l’épreuve, l’espérance. Or l’espérance ne confond point (4, 5) ». non seulement les tribulations ne détruisent point ces espérances, mais elles-en sont le fondement. Même avant les biens à venir, la tribulation produit un très-grand fruit, la patience, et elle éprouve celui qui est tenté. D’ailleurs elle contribue aussi aux biens futurs ; car elle fortifie en nous l’espérance. Rien en effet ne dispose à bien espérer comme une bonne conscience.
3. C’est pourquoi personne de ceux qui ont bien vécu, 'ne doute de l’avenir, tandis que beaucoup de ceux qui négligent de bien vivre, tourmentés par une mauvaise conscience, voudraient qu’il n’y eût ni jugement, ni punition. Quoi donc ? nos biens sont-ils en espérances ? Oui ; mais non en espérances humaines, qui sont souvent frustrées ; qui confondent souvent, soit parce que celui sur qui on les fondait meurt, soit parce qu’il change de sentiment. Il n’en est pas ainsi des nôtres ; elles sont fermes, elles sont immuables. Celui qui a promis vit toujours ; et nous, qui devons jouir de ces biens, nous ressusciterons