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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/262

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après notre mort ; rien, absolument rien ne pourra nous confondre, comme si nous eussions nourri un vain et futile espoir. Après nous avoir ainsi délivrés de toute incertitude, l’apôtre ne s’en tient pas là, mais il revient encore aux biens à venir, sachant que les faibles s’attachent aux biens présents et ne se contentent pas des autres. Or il appuie la foi aux biens à venir sur la considération des bienfaits déjà reçus, de peur qu’on ne dise : Et si Dieu ne voulait rien donner ? Nous savons tous qu’il est puissant, immuable, vivant ; mais comment connaissons-nous sa volonté ? Par ce qui existe déjà. Qu’est-ce donc ? L’amour qu’il nous a témoigné.
Qu’a-t-il fait ? direz-vous. Il a donné le Saint-Esprit. Aussi après avoir dit : « L’espérance ne confond point », il en donne la preuve en disant : « Parce que la charité de Dieu est répandue en nos cœurs ». Et il ne dit pas : a été donnée, mais : « A été répandue en nos « cœurs », pour en faire voir l’abondance, car il nous a donné ce qu’il y a de plus grand non pas le ciel, la terre et la mer, mais quelque chose de plus précieux que tout cela : il nous a transformés d’hommes en anges et faits enfants de Dieu et frères de Jésus-Christ. Et qu’est-ce que ce don ? L’Esprit-Saint. Or, s’il ne nous réservait pas de glorieuses couronnes après le combat, il ne nous aurait pas fait de si grands dons avant le combat ; et ce qui démontre l’ardeur de son amour, c’est qu’il ne nous a pas accordé ces honneurs peu à peu, et avec mesure, mais qu’il nous a ouvert sans réserve la source des biens, et cela même avant la lutte. En sorte que, ne fussiez-vous pas très-digne, vous ne devez point désespérer, puisque vous avez un puissant avocat, l’amour du juge. Voilà pourquoi Paul après avoir dit : « L’espérance ne confond point », rapporte tout à l’amour de Dieu, et non à nos mérites. Puis après avoir parlé du don de l’Esprit, il revient encore à la croix et dit : « En effet, le Christ, lorsque nous étions encore infirmes, est mort, au temps marqué, pour des impies. Certes à peine quelqu’un mourrait-il pour un juste ; peut-être cependant que quelqu’un aurait le courage de mourir pour un homme de bien. Ainsi Dieu témoigne son amour pour nous (6-8) ». C’est-à-dire : si personne peut-être ne voudrait mourir pour un homme vertueux, comprenez l’amour de votre Maître, qui a été crucifié, non pour des hommes vertueux, mais pour des pécheurs et des ennemis, ce que Paul dit ensuite : « En ce que, dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. Maintenant donc, justifiés par son sang, nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère. Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils ; à plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie (9, 10) ». .
Tout cela a l’air d’une répétition et n’en est cependant pas une pour quiconque examine attentivement. Voyez un peu : il veut les confirmer dans la foi aux biens futurs : et d’abord il les confond par la croyance du juste Abraham, en disant « qu’il était pleinement assuré que ce que Dieu a promis, il est puissant pour le faire » ; ensuite il prouve sa proposition par la grâce qui a été donnée, puis par les tribulations, qui sont propres à nous faire espérer ; puis par l’Esprit que nous avons reçu, et enfin par la mort du Christ et notre méchanceté première. Tout cela, comme je l’ai déjà dit, semble, n’être qu’une seule et même chose, et pourtant on y en trouve deux, trois et bien davantage : d’abord que le Christ est mort ; secondement, qu’il est mort pour des impies ; troisièmement, qu’il nous a délivrés, sauvés, justifiés, qu’il nous a rendus immortels, qu’il nous a faits enfants de Dieu et héritiers. Ce n’est pas seulement sa mort qui doit nous fortifier, dit Paul, mais encore le don qui nous a été fait par sa mort. Fût-il simplement mort pour nous tels que nous sommes, t’eût déjà été une très-grande preuve d’amour ; mais qu’en mourant, il nous ait encore fait des dons, et des dons si grands, et quand nous étions pécheurs : voilà ce qui surpasse toute idée, et amène à la foi l’homme le plus insensible. Car personne ne nous sauvera que celui qui nous a aimés, nous pécheurs, jusqu’à se livrer lui-même. Voyez-vous combien ce passage fournit de preuves pour établir la foi aux biens futurs ? Avant cela, il y avait deux obstacles à notre salut : nous étions pécheurs et nous devions être sauvés par la mort du Maître : ce qui semblait incroyable avant, d’exister, et exigeait, pour se réaliser, un grand amour ; mats maintenant que cela est fait, le reste est plus facile, car nous sommes devenus amis, et la mort n’est plus nécessaire. Et Celui qui a épargné des ennemis jusqu’au point de ne pas épargner