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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/313

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toute notre offrande. Je vous le demande, nous dit l’apôtre, n’étiez-vous pas sujet à teille maux ? N’étiez-vous pas désespéré ? N’étiez-vous pas sous le poids de la sentence ? Tous les efforts qu’on faisait pour vous sauver n’étaient-ils pas impuissants ? Qu’est-ce qui vous a donc sauvé ? L’espoir en Dieu seulement, la foi à ses promesses et à ses dons ; vous n’avez rien apporté de plus. Or, si cette foi vous a sauvé, gardez-la donc maintenant. Car si elle vous a déjà procuré de si grands biens, évidemment ses promesses d’avenir ne vous failliront pas. Après volis avoir recueilli quand vous étiez mort, perdu, prisonnier, ennemi, et vous avoir fait ami, fils, libre, juste, cohéritier ; après vous avoir accordé des avantages que personne n’eût jamais osé espérer : comment, après une telle libéralité, une telle bienveillance, ne vous assisterait-elle pas dans la suite ? Ne me dites donc pas : encore des espérances, encore l’attente, encore la foi. Car c’est par là que vous avez été sauvé, et c’est la seule dot que vous ayez apportée à l’Époux. Tenez-y donc et conservez-la ; si vous demandez tout à la vie présente, vous perdez votre mérite, le principe de votre gloire.
C’est pourquoi l’apôtre ajoute : « Or, l’espérance qui se voit n’est pas de l’espérance ; car ce que quelqu’un voit, comment l’espérerait-il ? Et si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience… (25) ». C’est-à-dire : Si vous cherchez tout ici – bas, qu’avez-vous besoin d’espérer ? Qu’est-ce donc que l’espérance ? La confiance dans l’avenir. Qu’est-ce que Dieu vous demande donc de si coûteux, lui qui vous a donné tous les biens de son fond ? Il ne vous demande qu’une seule chose, l’espérance, afin que vous puissiez ainsi contribuer en quelque chose à votre salut ; et c’est à cela que Paul fait allusion, quand il ajoute : « Et si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience ». En effet, Dieu récompense celui qui espère, comme un homme qui travaille, qui est malheureux et accablé de misère : car le mot de patience est synonyme de fatigue et de courage à souffrir. Cependant il accorde cette consolation à celui qui espère, pour soulager son âme pliant sous le fardeau.
7. Ensuite pour montrer que, dans ces légères tribulations nous avons un puissant secours, Paul ajoute : « De même l’esprit aussi aide nos faiblesses ». A vous la patience ; à l’esprit, d’exciter eu vous l’espérance et par elle d’alléger vos travaux. Puis, pour vous faire comprendre que la grâce ne vous assiste pas seulement dans les travaux et dans les dangers, mais qu’elle agit avec vous, même dans les opérations les plus faciles et qu’en tout elle vous prête son aide, il ajoute : « Car nous ne savons ce que nous devons demander dans la prière ». Et il dit cela, soit pour montrer la providence de l’Esprit à notre égard, soit pour leur apprendre à ne pas croire nécessairement utile tout ce qui paraît tel à la raison humaine. »En effet, comme il était probable que, flagellés, chassés, maltraités de mille manières, ils chercheraient le repos et croiraient utile de demander, cette grâce à Dieu, il leur dit : ne vous figurez pas que tout ce qui vous semble utile, le soit réellement. Car, en cela encore « nous avons besoin du secours de Dieu : tant l’homme est faible, tant il est néant par lui-même ! Voilà pourquoi il disait : « Nous ne savons ce que nous de vous demander dans la prière ». Et pour que le disciple ne rougisse plus désormais de son ignorance, il fait voir que les maîtres se trouvent dans le même cas. En effet, il ne dit point : « Vous ne savez pas » ; mais : « Nous ne savons pas ». Il indique d’ailleurs qu’il ne parle pas ainsi par modestie. Car sans cesse il demandait dans ses prières de voir Rome, et néanmoins sa prière était sans résultat ; il priait aussi souvent à l’occasion de l’aiguillon qui lui avait été donné dans sa chair, c’est-à-dire à raison des dangers qu’il courait, et il n’était nullement exaucé non plus que, dans l’Ancien Testament, Moïse demandant à voir la Palestine, Jérémie priant pour les Juifs et Abraham pour les habitants de Sodome.
« Mais l’Esprit lui-même demande pour nous par des gémissements inénarrables ». Cette parole est obscure, parce que beaucoup des prodiges de ce temps-là, ont cessé aujourd’hui. Il est donc nécessaire de vous exposer quel était alors l’état des choses, et par là tout s’éclaircira. Quelle était donc alors la situation ? Dieu accordait des dons différents à ceux qui étaient baptisés, et ces dons s’appelaient esprits. « Les esprits des prophètes », nous dit-il, « sont soumis aux prophètes ». L’un avait le don de prophétie et prédisait l’avenir, l’autre, le don