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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/339

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HOMÉLIE XVII.


ASSURÉMENT, MES FRÈRES, LA VOLONTÉ DE MON CŒUR ET MES SUPPLICATIONS A DIEU ONT POUR OBJET LEUR SALUT. (X, 1, JUSQU’À 13)

Analyse.

  • 1. Oui, les Juifs (je fais des veaux et des prières pour qu’ils puissent se sauver) sont eux-mêmes, avec leur zèle, dépourvus de sagesse ; la cause de leur réprobation, parce qu’ils veulent faire valoir leur justice propre, et qu’ils refusent de se soumettre à l’ordre établi par Dieu pour conduire l’homme à la justice.—L’ordre que Dieu a établi consiste dans la foi en Jésus-Christ, qui est le terme et la tin de la loi.
  • 2. Qu’il y a beaucoup de mérite dans la foi. – Bien qu’ils soient déjà accomplis, les faits qui sont l’objet de la foi sont si grands, qu’ils exigent encore la foi pour être crus. – Cependant la foi n’est pas difficile, car si l’incarnation et la résurrection sont difficiles à croire par elles-mêmes, la difficulté disparaît quand on fait réflexion que c’est Dieu qui agit.
  • 3. Les Juifs qui repoussent la foi n’ont donc plus aucune excuse. – Quiconque croira en Jésus-Christ et professera ce qu’il croit, sera sauvé, sans distinction de Juif ni de Gentil, car Dieu est assez riche pour les sauver tous.
  • 4.5. Contre la vaine gloire. – Combien cette passion est tyrannique et impérieuse. – Des maux qu’elle fait souffrir dès cette vie à ceux qui en sont possédés.


1. Il va les blâmer plus vivement qu’il ne l’a fait jusqu’ici ; voilà pourquoi il leur ôte tout motif de le soupçonner d’inimitié, et prend de grandes précautions. Ne vous blessez pas de mes paroles ni de mes reproches, leur dit-il ; car ils ne proviennent pas d’une pensée hostile. En effet il est impossible au même homme de désirer leur salut, non seulement de le désirer, mais de le demander avec instance, et en même temps de les haïr et d’avoir pour eux de l’aversion. Volonté, ici, signifie ardent désir. Et voyez comme sa prière part du cœur ! Ce qu’il désire, ce qu’il demande avec instance, ce n’est pas seulement qu’ils soient délivrés du châtiment, mais qu’ils soient sauvés. Et ce n’est pas en cela seulement, mais dans ce qui va suivre, qu’il manifeste la bienveillance qu’il leur porte ; car il insiste, autant que possible, sur ce qui peut s’excuser, il s’efforce d’en tirer une ombre de défense en leur faveur, et il n’y réussit pas, vaincu par la nature même des choses. « Car », dit-il, « je leur rends ce témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais non selon la science (2) ». II y a donc là matière à excuse, et non à reproche. Si, en effet, ils ne sont pas séparés pour des motifs humains, mais par zèle, ils sont plus dignes de pitié que de châtiment. Mais voyez avec quelle sagesse il ménage les termes, et démontre que leur obstination est déplacée ! « Parce que, ignorant la justice de Dieu ». Encore une expression indulgente ; mais ce qui suit renferme un vif reproche et ôte toute excuse. « Et cherchant », ajoute-t-il, « à établir la leur, ils ne sont pas soumis à la justice de Dieu (3) ».
L’apôtre dit cela pour faire voir qu’ils se sont égarés par esprit de contention et de domination plutôt que par ignorance, et qu’ils ne sont pas même parvenus à établir la justice légale : car c’est là ce qu’il veut dire par ces mots : « Cherchant à établir ». Il ne l’exprime pas clairement ; il ne dit point qu’ils ont perdu l’une et l’autre justices, mais il l’insinue avec la prudence et la sagesse qui lui sont propres. Si, en effet, ils cherchent encore à établir la justice selon la loi, il est clair qu’ils ne l’ont pas établie. S’ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu, ils ont aussi perdu la justice selon la loi. Or il appelle celle-ci leur justice propre, ou parce que la loi n’a plus de force, ou parce qu’elle exige des travaux et des fatigues ;