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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/340

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et il appelle justice de Dieu celle qui vient de la foi, parce qu’elle est entièrement l’œuvre de la grâce d’en haut, qu’elle n’est point le fruit du travail, mais un don de Dieu. Mais ceux qui résistent toujours au Saint-Esprit, en s’obstinant à être justifiés par la loi, ne sont point parvenus à la foi ; or, ne venant point à la foi, ne recevant pas la justice qui en provient, et ne pouvant être justifiés par la loi, ils sont complètement déchus. « Car la fin de la loi est le Christ, pour justifier tout croyant (4) ». Voyez la prudence de Paul ! Il avait parlé d’une double justice, de celle de la loi et de celle de la foi. Ceux d’entre les Juifs qui avaient cru et embrassé la justice de la foi, pouvaient craindre comme étant encore néophytes, d’être condamnables, s’ils étaient munis d’une de ces deux justices et dépourvus de l’autre. De plus ils pouvaient encore se promettre d’accomplir la justice de la loi, et dire : Si nous ne l’avons pas accomplie jusqu’ici, nous l’accomplirons certainement à l’avenir. Pour prévenir ces pensées, Paul montre qu’il n’y a qu’une justice, que l’une est absorbée dans l’autre, que celui qui choisit celle de la foi, accomplit aussi celle de la loi, et qu’en rejetant celle-là, on déchoit aussi de celle-ci.
En effet, si le Christ est la fin de la loi, celui qui n’a pas le Christ n’a pas la loi, même quand il paraîtrait l’avoir ; mais celui qui a le Christ a tout, quand même il n’accomplirait pas la loi. La fin de la médecine, c’est la santé. Celui qui peut la rendre est bon médecin, quand même il n’exercerait pas l’art de la médecine ; et celui qui ne, sait pas guérir, n’est pas médecin, parût-il d’ailleurs en exercer l’art : ainsi en est-il pour la loi et la foi ; celui qui a celle-ci, a la fin de celle-là ; mais celui qui n’a pas la foi, est privé de l’une et de l’autre. En effet, que voulait la loi ? Rendre l’homme juste ; mais elle ne le pouvait pas, car personne ne l’a accomplie. Justifier l’homme : tel était le but de la loi, tout tendait là : fêtes, commandements, sacrifices, et le reste. Or le Christ a bien mieux atteint ce but par la foi. Ne craignez donc point, dit l’apôtre, d’être transgresseur de la loi, après avoir embrassé la foi ; vous la transgressez quand, à cause d’elle, vous ne croyez pas au Christ ; et, au contraire, si vous croyez au Christ, vous accomplissez la loi au-delà même de ce qu’elle exige ; car vous recevez une justice beaucoup plus grande. Mais comme ceci était une assertion, l’apôtre la confirme par l’Écriture. « Aussi », dit-il, « Moïse écrit que la justice qui vient de la loi… (5) ». Voici ce qu’il veut dire : Moïse nous indique ce que c’est que la justice qui vient de la : loi et – en quoi elle consiste. Quelle est-elle donc, et en quoi consiste-t-elle ? Dans l’accomplissement des commandements. « Celui qui les accomplira », est-il dit, « vivra en eux » : On ne peut être justifié dans la loi qu’en les accomplissant tous ; or personne ne l’a pu.
2. Cette justice est, donc tombée. Parlez-nous de l’autre, ô Paul ! de celle qui vient de la grâce. Quelle est-elle, et en quoi consiste-t-elle ? Écoutez la description exacte qu’il en fait. Après avoir convaincu la première d’impuissance, il en vient enfin à celle-ci. « Mais pour la justice qui vient de la foi, elle parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera an ciel ? c’est-à-dire, pour en faire descendre le Christ : ou, qui descendra dans l’abîme ? c’est-à-dire, pour rappeler le Christ d’entre les morts. Mais que dit l’Écriture : « Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur ; c’est la parole de foi que nous annonçons. Parce que si tu confesses de bouche le Seigneur Jésus, et si en ton cœur tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé (6-8) ». Pour que les Juifs ne disent pas : Comment ceux qui n’ont pas trouvé la moindre des deux justices, ont-ils trouvé la plus grande ? Il donne un argument irréfutable : c’est que celle-ci est une voie plus facile que celle-là. La justice de la loi exige l’accomplissement de toutes les prescriptions : « Quand tu auras tout accompli, c’est alors que tu vivras ». Mais la justice qui vient de la foi ne dit pas cela. Que dit-elle donc ? « Si tu confesses de bouche le Seigneur Jésus et si en ton cœur tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé ». Ensuite, pour ne pas la rendre méprisable en la montrant si facile et si simple, voyez comme il s’étend sur ce chapitre. Il n’en vient pas immédiatement à ce que nous avons dit : que dit-il donc ? « Mais pour la justice qui vient de la foi, elle parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? c’est-à-dire, pour en faire descendre le Christ ; ou, qui descendra dans l’abîme ? c’est-à-dire pour rappeler le Christ d’entre les morts ».