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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/519

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la place de la tête, et nous nous laissons surpasser par le corps ? Si nous avons été investis de l’autorité sur les femmes, ce n’est pas seulement pour les gouverner, c’est encore pour les gouverner selon la vertu. Car c’est par la supériorité de vertu que celui qui domine doit principalement dominer : s’il reste inférieur par ce côté, il cesse d’être le maître.

Voyez-vous quels miraculeux effets a produits la venue du Christ ? comment elle a levé la malédiction ? Les vierges sont plus nombreuses parmi les femmes, la chasteté est moins rare chez elles ainsi que la fidélité au veuvage ; les femmes sont moins promptes à proférer des paroles grossières. Pourquoi donc en proférez-vous, dites-moi ? Car ne venez pas me parler des femmes perdues. Ce sexe aime la parure, c’est son défaut. Mais en ce point encore les hommes les dépassent, eux qui se parent de leurs femmes comme d’objets de luxe. Je ne pense pas qu’une femme soit aussi fière des ajustements qu’elle porte que son mari l’est lui-même ; la femme n’est pas si fière de sa ceinture dorée, que son mari n’est fier de la voir portée par sa femme. Les vrais coupables, c’est donc nous-mêmes, qui soufflons sur cette étincelle, qui attisons cette flamme. D’ailleurs, la faute ne saurait être imputée aussi sévèrement à la femme qu’à l’homme. Vous avez été chargé de la conduire ; en tout, vous réclamez le premier rang ; montrez donc par votre exemple que vous ne tenez nullement à ce faste. La parure sied mieux à la femme qu’à l’homme. Si donc vous ne l’évitez pas, comment l’évitera-t-elle ? Les femmes ont de la vanité, mais ce défaut leur est commun avec les hommes ; elles sont sujettes à la colère, et nous pareillement. Mais leurs qualités leur appartiennent, au contraire, en propre : je veux dire la chasteté, la ferveur, la religion, l’amour du Christ. Pourquoi donc, dira-t-on, ont-elles été exclues de la chaire de prédication ? C’est encore une preuve de la grande distance qui existe entre elles et nous, et de la grandeur des femmes de ce temps. Quand Paul, Pierre, et maint autre saint prêchait, fallait-il, dites-moi, qu’une femme envahît cette fonction ? Mais aujourd’hui nous sommes arrivés à un point de corruption tel, qu’il y a lieu de s’enquérir pourquoi les femmes n’enseignent pas, quand nous sommes devenus aussi faibles qu’elles. Si je parle ainsi, ce n’est point pour leur inspirer de l’orgueil, mais pour nous instruire, nous avertir nous-mêmes, et nous engager à ressaisir l’autorité qui nous appartient, non à titre de domination, mais à titre de gouvernement, de direction et de supériorité morale. Le corps ne sera dans l’état où il doit être, que lorsque l’autorité appartiendra au meilleur. Puissions-nous tous, hommes et femmes, vivre selon la volonté de Dieu, afin d’obtenir tous, au jour redoutable du jugement, la miséricorde du Seigneur, et d’entrer en possession des biens qui nous sont promis en Jésus-Christ Notre-Seigneur.