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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/87

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HOMÉLIE XII.


DONC, EN QUALITÉ D’AUXILIAIRES, NOUS VOUS EXHORTONS À NE PAS RECEVOIR EN VAIN LA GRÂCE DE DIEU. – CAR IL DIT : JE VOUS AI EXAUCÉ DANS LE TEMPS FAVORABLE, ET AU JOUR DU SALUT JE VOUS AI PORTÉ SECOURS. (VI, 1, JUSQU’À 10)

Analyse.


  • 1-3. Étant donc ; dit l’apôtre, l’envoyé de Dieu dans l’œuvre de votre sanctification, je vous exhorte à laisser agir en vous les grâces que vous avez reçues, et à ne pas laisser passer le temps de la grâce sans en profiter, comme aussi de mon côté je me montre un ministre de Dieu sans reproche et fidèle par ma constance au milieu de toutes les épreuves, par une conduite irrépréhensible, et par la liberté d’esprit dont je jouis au dedans de moi-même, malgré toutes les tribulations qui au-dehors m’environnent.
  • 4-6. Dans quel esprit on doit pratiquer l’aumône et les autres vertus. – De la pauvreté et des richesses.


1. C’est, Dieu lui-même qui invite les hommes, a dit l’apôtre ; et les apôtres sont les ambassadeurs de Dieu ; en son nom ils les pressent de rentrer en grâce avec le Seigneur. De peur que les Corinthiens ne tiennent, à se relâcher encore, il leur inspire de nouveau un sentiment de crainte ; « Ne recevez donc pas en vain la grâce de Dieu ». De ce que Dieu nous prie lui-même et nous envoie ses ambassadeurs, ce n’est pas un motif pour nous de vivre dans l’indolence ; nous n’en devons avoir que plus d’ardeur et de zèle pour plaire à Dieu et pour faire provision de richesses spirituelles. (C’est ce que l’apôtre disait plus haut : « La charité de Dieu nous presse », c’est-à-dire nous pousse, nous excite) Après tant de preuves de bonté de la part de Dieu, gardons-nous de tomber et de perdre l’effet de si nombreuses grâces, en ne montrant aucune générosité. Il nous envoie maintenant ses lieutenants pour nous exciter au bien ; mais cette miséricorde aura un terme : ce sera le second avènement de Jésus-Christ ; après cela viendra la condamnation et les supplices. C’est pourquoi l’apôtre dit : Nous sommes pressés. Ce n’est pas seulement par la vue de si grands Biens, par la pensée de la bonté de Dieu, qu’il excite les fidèles, mais aussi par la considération du peu de durée de la vie. Ailleurs il dit : « Notre salut est maintenant plus proche » (Rom. 13,11) ; et encore : « Le Seigneur est proche ». (Phil. 4,5)
Ici il fait quelque chose de plus. Ce qui doit les animer, c’est que non seulement la vie est courte, mais une fois le temps de la vie écoulé, le salut devient impossible. « Voici », leur dit-il, « voici le temps favorable, voici les jours de salut ». Ne les laissons donc point passer inutiles, mais que notre zèle réponde aux grâces que nous avons reçues. Si nous mettons nous-mêmes tant d’empressement à vous prêcher l’Évangile, c’est que nous songeons au peu de durée d’une vie si précieuse. Telle est le sens de ces paroles : « En qualité d’auxiliaire nous vous exhortons ».C’est vous que nous aidons, plutôt que Dieu, dont nous sommes les ambassadeurs. Dieu ne manque de rien, le salut est tout à votre avantage. L’apôtre ne craint pas non plus de s’appeler l’auxiliaire du Seigneur, car ailleurs il dit : « Nous sommes les auxiliaires de Dieu »..C’est de cette manière qu’il contribue au salut des hommes : « Nous vous exhortons ». Dieu ne se contente pas d’une simple exhortation, mais il l’appuie des motifs les plus puissants : il a donné son fils ; l’innocence même, son fils qui ne connaissait point le péché ; il l’a fait « péché » pour nous qui étions pécheurs, afin de nous rendre justes à ses yeux. Et ce Jésus qui est Dieu, ce n’est pas lui qui devrait prier les hommes