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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/231

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matérielle. Voilà pourquoi j’ai parlé de la cène du Seigneur. C’est du Seigneur que j’ai appris ce que le vous ai enseigné, que le Seigneur Jésus, la nuit même qu’il devait être livré, prit du pain, le bénit, le rompit, et dit à ses disciples : ceci est mon corps, qui Est rompu pour beaucoup, pour la rémission des péchés. Faites cela en mémoire de moi. Il prit de même le calice après le repas, et dit : le calice est la nouvelle alliance en mon sang. (Id. 23-26)
5. Puis il parle longuement de ceux qui participent indignement aux mystères, il les saisit, les confond, et après avoir enseigné que ceux qui reçoivent le corps et le sang de Jésus-Christ sans réflexion ni conseil, subiront la même peine que les meurtriers de Jésus-Christ, il revient à son sujet, en disant : Ainsi, mes frères, lorsque vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres ; et si quelqu’un est pressé de manger, qu’il mange chez lui, afin que vous ne vous assembliez pas pour votre condamnation. (Id. 33, 34) Voyez comme il dissimule le reproche qu’il fait à leur intempérance. Il ne dit point : Si vous êtes pressés de manger, mais : si quelqu’un est, pressé de manger, afin que chacun, rougissant à la pensée d’être exposé à ce reproche, le devance et se corrige : C’est enfin sur la crainte du châtiment qu’il arrête son discours en disant : Afin que vous ne voue assembliez pas à un jugement, c’est-à-dire, à votre condamnation et à votre honte. Ce n’est point un repas ni une table, dit-il, si l’outrage fait à un frère, le mépris de l’église, la gloutonnerie et l’intempérance y trouvent place. Ce n’est point une réjouissance, mais un châtiment et une peine. Vous vous attirez de redoutables vengeances en outrageant vos frères, en méprisant l’église, en faisant de ce lieu saint une maison ordinaire par les repas particuliers que vous y faites. Maintenant que vous avez aussi entendu ces leçons, mes frères, fermez la bouche à ceux qui font un usage irréfléchi des paroles et des enseignements de l’Apôtre. Redressez ceux qui tournent les saintes Écritures à leur perte et à la perte des autres. Car vous savez que ces paroles : Il faut qu’il y ait des hérésies parmi vous, ont été dites de la désunion qui s’était mise dans les repas communs, puisque l’Apôtre ajoute : L’un souffre de la faim, tandis que l’autre est ivre.
Avec une foi orthodoxe et une conduite en harmonie avec les dogmes ; montrons un grand amour pour les pauvres, prenons le plus grand soin des indigents. Exerçons ce négoce spirituel, et ne cherchons rien au-delà de nos besoins. Voilà la richesse, voilà le négoce, voilà l’inépuisable trésor, de faire passer tous ses biens dans le ciel et de se confier au gardien de ce dépôt. Nous retirons de l’aumône un double profit : d’abord nous ne craignons pas pour notre argent, ainsi mis en réserve, ni les voleurs, ni les brigands, ni les esclaves infidèles ; de plus, il n’est pas stérilement enfoui. Mais de même qu’un arbre planté dans un sol fertile porte chaque année des fruits en sa saison, de même l’argent semé dans les mains des pauvres nous rapporte, non point seulement chaque année, mais chaque jour, des fruits spirituels, la confiance en Dieu, le pardon des péchés, la compagnie des anges, la bonne conscience, la joie et le bonheur spirituel, une espérance légitime, et les biens admirables que Dieu réserve à ceux qui l’aiment, à ceux qui, dans le zèle et la ferveur de leur âme, implorent sa miséricorde et son règne. Puissions-nous tous, après avoir vécu selon sa loi, l’obtenir avec l’éternelle joie de ceux qui arrivent au salut, par la grâce et la miséricorde du vrai Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, auquel appartiennent la gloire et la puissance, avec le père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.