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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/376

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et l’autre celle de la vertu. Même alors cependant le Seigneur n’abandonna pas Caïn, il voulut le relever de la chute qui l’avait jeté à terre, et il lui donna encore ses soins ; d’abord il emploie les conseils et les exhortations, ensuite c’est par la crainte et par la terreur qu’il l’avertit, qu’il l’enseigna, qu’il l’instruisit. Nombre d’hommes ont rejeté un si grand bienfait, je veux dire cette science naturelle qui nous est d’une si grande utilité : même alors il ne les a pas délaissés, ni ne les a livrés aussitôt à la perdition ; mais il a toujours continué de les avertir et de les exhorter par la voix des choses elles-mêmes, par des récompenses, par des châtiments, par le spectacle de la création qui chaque jour fait son couvre et remplit sa tâche accoutumée, par les événements extraordinaires et imprévus, par les justes qui ont vécu depuis la naissance du monde. Car il a conduit d’un pays dans un autre des hommes dignes de toute admiration et pleins de sagesse : il a envoyé Abraham d’abord en Judée, puis en Égypte, Jacob, en, Syrie, Moïse encore en Égypte ; les trois enfants et Daniel et Ezéchiel en Babylonie, Jérémie, en Égypte. En, suite il a donné les fables de la loi, il a envoyé les prophètes ; il a abattu, il a relevé son peuple ; e l’a livré à la servitude, et il l’a délivré, et il n’a pas cessé depuis le commencement jusqu’à la fin de tout faire pour les hommes. Il ne s’est pas contenté de nous instruire par la seule voix et la création, mais, comme beaucoup d’hommes, emportés par leur propre démence, n’en avaient retiré aucun fruit, il entra dans de nouvelles voies pour les convaincre, et enfin, pour mettre le comble à ses bienfaits, il leur envoya son Fils, son vrai Fils, son. Fils unique : ce fils qui était de la même vraie nature crue lui fut fait ce que je suis, il vécut sur la terre au milieu des hommes, et là il mangeait, il buvait, il parcourait la terre, enseignant, instruisant, exhortant, faisant des miracles, et ; en même temps. Il prophétisait, donnait des conseils et des exhortations, souffrait, supportait les fatigues, nous faisait des promesses, nous comblait de ses dons. En effet, il a accordé une partie de ses bienfaits aux hommes de son temps, et il a promis l’autre aux générations futures : mais l’on peut compter sur ses promesses, elles sont confirmées et par les prodiges qu’il a opérés pendant qu’il était encore sur la terre et par l’accomplissement de toutes les prophéties qu’il a faites : Qui pourrait réciter les exploits de l’Éternel ? qui pourrait faire retentir toute sa louange ? (Psa. 105,2) Qui ne serait en extase, qui ne serait frappé d’admiration devant cette immense sollicitude, en considérant comment, pour des esclaves ingrats, il a livré son Fils unique à la mort, et à une mort exécrable, ignominieuse, à la mort des plus grands criminels, à fa mort des coupables condamnés par les juges ! Car il a été attaché à une croix, il a été couvert de crachats, il a reçu des soufflets, il a été frappé à la joue, il a été bafoué. Pour tous les bienfaits qu’il avait accordés, on l’ensevelissait et on scellait son tombeau ! Et toutes les injures, il les a subies pour toi, pour l’amour qu’il te portait, afin de t’arracher à l’esclavage du péché, de renverser l’empire de satan, de couper les nerfs de la mort, de t’ouvrir les portes du ciel, de te décharger de la malédiction qui pesait sur toi, d’effacer le jugement de ta première condamnation, de t’enseigner la patience et la force, et ainsi d’empêcher que rien ne te tourmente sur cette terre, ni la mort, ni les outrages, ni les injures, ni les ignominies, ni les verges, ni les pièges de tes ennemis, ni les offenses, ni les attaques, ni les calomnies, ni les soupçons injurieux, ni rien de semblable. Lui-même en effet, il a passé par toutes ces épreuves, il les a toutes partagées avec toi, il a triomphé de toutes avec la plus grande gloire, pour t’enseigner et t’apprendre à ne redouter aucune d’elles. Mais tout cela ne lui suffit pas encore remonté au ciel, il nous accorde une grâce surprenante, il fait descendre pour nous le Saint-Esprit, et nous envoie les apôtres par le ministère desquels il nous transmet sa doctrine. Il voit ces hérauts du salut accablés de mille maux, frappés de verges, outragés, jetés à la mer, torturés par la faim et la soie, poursuivis chaque jour, chaque jour en péril de mort, et pour toi, par amour pour toi, il les laisse endurer toutes ces souffrances ! C’est pour toi, ô homme, qu’il a préparé le royaume des cieux, c’est à toi qu’il a destiné ces biens ineffables, cet héritage céleste, ce séjour plein de vanité, cette béatitude qu’aucune parole ne peut exprimer. Lors donc que tu as tant de preuves de la Providence, celles de l’Ancien et celles du Nouveau Testament, celles de la vie présente et celles de la vie future, celles qui seront, celles qui ont été, celles que, nous offre chacun des jours que nous vivons, celles