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Page:Jean Jaurès et les causes de la guerre (discours prononcé à Lyon-Vaise le 25 juillet 1914), troisième édition, 1919.djvu/15

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à l’issue de laquelle il prononce un discours où il lance ces paroles prophétiques, qu’illustre la Révolution russe : « mais lorsque les conséquences et les désastres se développeront, les peuples diront aux responsables : « Allez vous-en, et que Dieu vous pardonne. » Ensuite il revient à Paris luttant de toutes ses forces pour le maintien de la Paix.

Dans la Berner Tagwacht du 31 juillet 1915, le citoyen Charles Rappoport écrivait que dans l’après-midi du 31 juillet 1914 :

« Dans une salle (au Palais-Bourbon) qu’on appelle : la Salle des Quatre-Colonnes, Jaurès prononça devant de nombreux journalistes les paroles suivantes : Aurons-nous la guerre parce que la promesse d’Æhrenthal à Isvolsky de lui donner un pourboire de 40 millions comme récompense, pour l’annexion de la Bosnie-Herzégovine, n’a pas été tenue ? Est-ce pour cela que nous verrons couler le sang des peuples d’Europe ?

Jaurès, en quittant pour la dernière fois la Chambre, avait l’intention d’écrire le jour suivant, dans l’Humanité, une sorte de J’Accuse sur toutes les causes et les responsabilités de la crise. Ce dessein fut connu dans les milieux réactionnaires ; Abel Ferry, sous-secrétaire d’État dans le cabinet Viviani, l’ayant consulté sur ce qu’allaient faire les socialistes dans les circonstances où l’on était, Jaurès répondit : « Continuer notre campagne contre la guerre. »

« Vous n’oserez pas faire cela, répliqua Ferry, on vous tuerait au premier coin de rue. »