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Page:Jean Jaurès et les causes de la guerre (discours prononcé à Lyon-Vaise le 25 juillet 1914), troisième édition, 1919.djvu/4

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l’Allemagne. Aussi ne tarde-t-il pas à s’apercevoir de la tournure dangereuse que lui donnent les impérialistes anglais et leur instrument servile, le mégalomane Delcassé. Et quand, fatalement, des crises graves éclatent, il se dresse aussitôt pour en montrer les causes vraies, établir les responsabilités et stigmatiser la politique qui la provoque. Il brave la fureur des assemblées qui, en ces matières, n’aiment pas la vérité et les injures des hommes qui font tout pour déchaîner la guerre et veulent nous faire croire aujourd’hui qu’ils ont toujours voulu ardemment la paix. Et ce ne sont pas seulement les journalistes de la presse chauvine qu’on lâche contre lui, mais aussi les grands journaux bourgeois de France et d’Angleterre, et c’est le Temps et le Times qui, par un touchant accord, disent et répètent sans cesse qu’aux heures de crise « M. Jaurès prend toujours le parti de l’Allemagne ». Mais ni les injures ni les cris ne lui feront abandonner le point de vue auquel il veut rester invariablement fidèle et, en juillet 1914, comme lors de l’affaire d’Agadir, comme au cours de la guerre des Balkans, quand le conflit général devient menaçant, il évoque le portrait de cette Europe conduite par le jeu des alliances et des groupements de puissances au bord de l’incendie général et qui se débat comme dans un cauchemar. Il voit toutes les responsabilités. Il dit « Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie ». Et encore : « La poli-