Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/193

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idée qu’il préfère aux joies de ce monde, qui, toujours jeuneet faisant toujours de nouveaux progrès, lui cache l’insipide uniformité de la vie. Quand Dieu (d’après la fable). imposa les mains sur Mahomet, celui-ci sentit aussitòt un froid de glace. Lorsqu’un génie immortel ébranle notre ame et l’élève au plus sublime enthousiasme, elle devient froide et silencieuse, car alors elle possède la science éternelle.


La douleur doit épurer, autrement que nous en resterait-il ? la joie ne peut la bannir, elle ne fait que la ramener plus aiguë ; un travail et des efforts continuels peuvent seuls la chasser. Souffrir est plus difficile qu’agir, parce que l’un dure plus long-temps que l’autre. Le jeune homme ne peut qu’agir, l’homme fait peut aussi souffrir. Plus l’ame est près de la perfection, et plus elle supporte avec aisance et sans altérer sa beauté première, de même qu’une voûte peut soutenir un plus