Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/39

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on les pardonne volontiers, parce qu’on espère que leur auteur s’attaque plus aux individus qu’aux vices mêmes. Dans les livres, c’est tout le contraire, et sous ce rapport un auteur satirique est plus heureux qu’un médecin ; en effet, ce dernier compose-t-il avec quelque chaleur un ouvrage sur la pathologie, il ne peut décrire qu’un bien petit nombre de maladies que ses lecteurs ne croient avoir, pour peu qu’ils soient doués de quelque vivacité d’imagination. En dépeignant à un hypocondre l’état des personnes attaquées d’affections spasmodiques, il lui inocule leurs souffrances comme s’il le plaçait dans le même lit qu’elles ; et je suis fermement convaincu que peu de gens des classes supérieures peuvent lire une description frappante de certaine maladie honteuse sans s’imaginer aussitôt qu’ils en souffrent eux-mêmes. Telle est la faiblesse de leurs nerfs, telle est la puissance de leur imagination ! Un écrivain satirique, au contraire, peut se flatter de ne voir ment les lecteurs de ses descriptions des ma-