Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/18

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et soutenues par la foi et le zèle de la multitude des croyants. Il faut donc qu’elles aient en elles-mêmes assez de force et de profondeur pour résister à l’esprit du temps, et que la foi au monde invisible devienne une vie qui se confonde avec la moralité. Nous n’avons pas à examiner ici jusqu’à quel point il est vrai de dire que « le siècle essaie de couvrir la décadence du sentiment religieux par un sens moral plus rigoureux et plus ferme ». Peut-être la vie morale des individus trouve-t-elle, en effet, un plus ferme soutien dans la morale sociale, plus précise et plus élevée que dans les siècles où elle se confondait avec les dogmes religieux, dont l’interprétation est plus ou moins variable. Mais l’histoire morale de l’humanité se répète dans chaque être humain, qui subit des évolutions souvent bien douloureuses pour atteindre à un état moral plus parfait. Le moindre progrès ne s’effectue qu’au prix de bien des combats et des souffrances. On ne saurait trop armer l’enfant pour la lutte contre lui-même, dont la victoire est la transfiguration de l’homme naturel. Et quelle force pourrait égaler celle qui se trouve dans la contemplation des réalités éternelles, de la justice, de la vérité, de la bonté, de la beauté absolue ? Jean-Paul dit que « la piété, portée au plus haut degré, devient la moralité, et celle-ci produit la piété à son tour. » Nous croyons qu’il entend par piété la soumission parfaite de l’âme au divin maître qui l’a envoyée dans le monde pour y rendre hommage au principe supérieur qui est en