Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/28

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le courage, le respect de soi, le dédain de l’opinion, la justice L’analogie est frappante entre les pensées de Montaigne et celles de Jean-Paul ; en la constatant, nous son tons redoubler notre sympathie pour cet éminent penseur, qui, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, a rencontré le génie de Montaigne. Jean-Paul semble croire que notre siècle est inférieur au moyen âge par le manque de véracité. Montaigne, à son tour, nous parle de « cette nouvelle vertu de foinctise et dissimulation, qui est à cette heure si fort on crédit » ; ce qui nous prouve que tout observateur profond en vient à déplorer que tous les hommes ne soient ni assez courageux ni assez respectueux d’eux-mêmes pour aimer sincèrement la vérité. Nous ajoutons que toute conscience droite et délicate doit reconnaître par son expérience personnelle qu’il est difficile d'être toujours vrai et de vivre dans le monde sans y perdre plus ou moins de sa droiture. Combien il importe donc de fortifier l’âme, pour lui conserver le plus noble et le plus précieux de ses droits, celui de s’estimer et d’être respectée d’autrui, en restant inébranlable dans son amour de la vérité ! Là encore les moyens les plus efficaces nous semblent être la liberté et l’exemple. La crainte engendre la servilité et l’hypocrisie ; la liberté développe le sentiment de la responsabilité et, par conséquent, la force, le courage et la droiture. L’amour de la vérité est une sainte passion dont la flamme se communique Que l’éducateur en soit-animé, et elle