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Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/29

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se révélera dans tous ses actes, elle donnera à ses enseignements une irrésistible puissance que rien ne saurait remplacer.

Jean-Paul analyse avec une remarquable finesse d’observation les mensonges des enfants, les diverses causes qui les produisent, et, par cette délicate psychologie, il nous rappelle les Jansénistes à qui l’amour sincère des âmes donnait une clairvoyance presque infaillible pour les deviner, en même temps qu’il leur inspirait les plus tendres ménagements dans l’art de les diriger. Il nous montre combien il serait injuste d’exiger de l’enfant la véracité, « qui n’est pas la première, mais la dernière vertu ! », et, combien il serait, dangereux aussi de le décourager par une sévérité excessive, quand la conscience n’est pas encore assez éveillée pour qu’il soit entièrement responsable. Puisque la véracité est le fruit de l’éducation, elle s’affermit et se perfectionne à mesure que la force morale se développe.

Jean-Paul a dit que cette force est la grandeur de l’âme, tandis que l’amour en est la beauté. Mais il nous semble que la beauté est aussi bien dans la force morale que la grandeur est dans l’amour, et que l’une ne saurait exister sans l’autre La force ne tournerait qu’au profit de l’orgueil, si elle ne s’appliquait à surmonter l'égoïsme pour se répandre sur d’autres objets que le moi. Jean-Paul croit que l’amour vit déjà dans l’enfant à l’état d’instinct, et que tout le rôle de l’éducation est de le contenir ou de le développer.