Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/32

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être pas inutiles pour hâter « la théogonie de l’esprit ». Et quels merveilleux progrès s’accomplissent en ce nouvel arrivé dans le monde, pendant la première période de son existence ! Ces progrès sont si rapides, que l’on dirait qu’il se ressouvient plutôt qu’il n'apprend. Jusqu’à quoi point les parants coopèrent-ils à cette création spirituelle ? Jean-Paul est peu affirmatif sur cette question. « Dans ce crépuscule, dit-il on parlant des trois premières années, qu’on laisse croître la lumière sans essayer de rallumer soi-même. » Mais qu’on fasse l’éducation des organes destinés à percevoir et à réfléchir la lumière ; et qu’on place l’enfant dans une pure atmosphère morale, afin qu’il y respire des principes de vie « Tout ce qui est premier, dit Jean-Paul, reste éternellement dans l’enfant » ; et cette seule parole suffit à faire sentir aux premiers éducateurs leur immense responsabilité. Il n’est pas rare de voir des enfants se développer dans un sens tout opposé à celui du milieu ; mais nul ne pour dire ce qui subsiste, malgré cela, de la première influence, et jusqu’à quoi point les pensées et les sentiments des parents se transmettent aux enfants.

Ce que Jean-Paul réclame avec le plus d’instance pour les jeunes enfants, c’est la chaleur, c’est-à-dire la gaieté, nous voudrions dire l'hilarité, si ce mot rendait exactement l’idée de sérénité, lumière et beauté, renfermée dans le mot latin hilaritas. La gaieté, c’est le rayonnement de la santé, le doux reflet d’une âme qui est en paix avec elle-même et qui a besoin de ré-