Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/31

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l’acte fait naître le penchant ». Une fois que son cœur s’est ouvert à la joie de donner, il veut la ressentir encore, et il s’impose des sacrifices pour faire plaisir à ceux qu’il aime. Il s’initie par degrés à la bonté et au dévouement ; et, par ces actes qu’il accomplit librement, il arrive à mieux comprendre l’amour dévoué dont il est l'objet. Alors l’exemple commence à agir sur lui pour l’aider à persévérer dans le bien que l’habitude lui rend facile, et il trouve dans chaque nouvel acte de bonté une plus forte impulsion à une bonté plus parfaite. Plus son cœur se donne, plus il s’agrandit et veut se donner. Dans la famille, il fait l’apprentissage de toutes les vertus dont l’amour est la source, pour les pratiquer pendant tout le cours de sa vie dans le monde où il est appelé à vivre. Sous l’empire d’une grande idée, que ce soit la religion, la patrie ou l’humanité, l’homme devient capable des plus héroïques sacrifices. Ainsi il réalise l’idéal parfait par l’abnégation qui est l’harmonie de la force et de l’amour, la couronne divine de l’humanité.

Jean-Paul n’hésite pas à dire que l’éducation commence avec le premier souffle. Nul ne sait à quoi moment le moi prélude à son réveil : tout est mystérieux dans ces petits êtres, en qui la vie animale semble tout absorber ; et il faut la tendresse attentive des parents pour discerner en eux les premières lueurs dû l’intelligence. Le désir impatient de les voir paraître fait souvent que l’imagination en devance le moment ; mais les illusions maternelles ne sont peut-