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Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/39

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plus de la légèreté et de l’inconstance humaine, ou bien encore l’impossibilité d’établir un système fixe, parce que les enfants déjouent sans cesse, par des actes inattendus et des tendances imprévues, les plus sages combinaisons et les plans les mieux arrêtés ? Est-il interdit à l’homme de remédier par le changement, qui souvent est le progrès, aux effets de son ignorance, de sa faiblesse et de sa courte vue ? Nous laissons à de plus autorisés le soin de répondre à cette question, et nous nous bornons à dire que l’esprit systématique, avec, ses cadres immuables, ne nous semble pas porter moins de préjudice aux enfants que le manque d’unité.

La pénitente pédagogique s’accuse aussi d’accorder les grâces ou de les refuser selon le caprice ou l’émotion du moment ; de ne pas veiller à l’observation de ses commandements ; de faire briller ses enfants par des avantages extérieurs dont elle tire vanité ; de se décharger de sa responsabilité sur des mercenaires à qui elle ferait un crime de ne pas remplir leur devoir ; d’importuner ses enfants par sa tendresse excessive ; d’exiger d’eux trop de démonstrations et de leur nuire par ses violences. Nous n’avons pas l’intention d’examiner jusqu’à quel point cette confession, qui paraît sincère, compromet tout un sexe et peut-être même l’autre. Pour que l’éducation fût parfaite, il faudrait qu’elle fût confiée à des êtres parfaits ; et c’est peut-être chez les éducateurs que les lacunes et les imperfections se font le plus sentir.