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Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/42

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avec les coutumes et le milieu. L’expérience a prouvé, au contraire, que le sens moral de la femme est souvent plus exigeant et plus délicat que celui de l’homme. Moins mêlée à la vie du dehors, elle subit moins d’influences diverses, et elle juge d’une manière plus absolue les hommes et les choses, d’après le critérium qui est en elle. Nous ne devons pas nous étonner qu’après avoir diminué la conscience morale de la femme, Jean-Paul prétende que sa volonté a moins besoin d’être fortifiée que ployée et adoucie. Il se plaint qu’elle soit poussée par ses passions, extrême en tout ; qu’elle agisse par sentiment et par caprice ; il lui attribue la tâche d’éducatrice, et il ne reconnaît pas la nécessité de lui donner une volonté ferme, capable de la rendre maîtresse d’elle-même, de résister à son imagination et de dominer ses sentiments pour elle-même et pour ceux qu’elle dirige. Il nous semble aussi que Jean-Paul confond la violence avec la force de volonté ; mais la violence n’est qu’une faiblesse chez la femme aussi bien que chez l'homme, car elle est l’indice d’une âme qui ne se possède pas. Il dit que plus l’homme est fort plus il est doux. Cette règle ne s’applique-t-elle pas aussi à la femme ? Il n’y a pas deux morales. L’âme n’a point de sexe. Nous admettons, avec Jean-Paul, « que la violence peut exister avec toute la plénitude d’un noble cœur, mais non avec une douceur, une charité prédominante Cette douceur serait peut-être la qualité négative, tant vantée par Rousseau ; ce ne serait