Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/43

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pas à coup sûr la vraie douceur qui, selon nous, est la plénitude de la force. Puisque la femme a la vocation d'élever les enfants, il faut qu’elle sache se gouverner elle-même selon la raison et la conscience Ni l’éducation, ni l’instruction que conseille Jean-Paul ne me paraît assez forte pour former une éducatrice. Dans les sciences, il ne semble pas même lui accorder des « clartés de tout » ; et il bannit de son enseignement la philosophie, parce que, dit-il « aucune femme ne saurait comprendre Kant en allemand. ». Ceci serait peut-être plutôt la critique de l’allemand, sinon de Kant, car il y a des femmes qui comprennent parfaitement « l’impératif catégorique » en français, et qui vont même jusqu’à défendre la doctrine du devoir dépourvu de l’inspiration du sentiment. Montaigne, plus large que Jean-Paul, croit que les vérités philosophiques sont accessibles à l’esprit de l’enfant, beaucoup plus que tout ce qu’on lui enseigne : « On a grand tort, dit-il, de poindre la philosophie inaccessible aux enfants, et d’un visage renfrogné, sourcilleux et terrible : qui me l’a masquée de ce faux visage, passe et hideux ? » Malgré les lacunes et l’esprit superficiel de l’instruction féminine, selon Jean-Paul, nous sommes heureux de constater qu’il a meilleure opinion de l’intelligence de la femme que Rousseau, bien qu’il se rapproche de celui-ci par ses idées sur l’être moral de la femme.

La biographie impartiale et vraie de la femme est encore à faire. Tous ceux qui s’y sont essayés l’ont