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Page:Jean Petithuguenin Une mission internationale dans la Lune 1933.djvu/107

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une mission internationale dans la lune

leur ration d’eau potable pour s’humecter la tête et le visage.

Mais, si l’on voulait éviter une catastrophe, le plus sûr était de regagner le Selenit aussi rapidement que possible.

Garrick proposa d’abord à Goffoël de l’aider à transporter le malade. Mais, comme il était difficile à deux hommes de coordonner leurs mouvements sur un terrain aussi accidenté, Goffoël préféra se charger seul du fardeau. Porter une cinquantaine de kilos, qu’était-ce pour lui qui était habitué à en peser cent sur la terre, et qui, sur la lune, même avec son scaphandre, en pesait moins de soixante ! On lui attacha solidement Scherrebek sur le dos avec des cordes et la petite troupe se remit en chemin, en s’efforçant de rester toujours à l’abri des rayons directs du soleil.

Les explorateurs ne songeaient plus guère à contempler le paysage qui s’étendait sous leurs yeux, grandiose et désolé. Dans la lumière crue, qu’aucune atmosphère ne tamisait, les plans les plus éloignés apparaissaient avec autant de netteté que les plus rapprochés et les effets de la perspective en étaient étrangement modifiés. Même lorsque la vue portait en réalité à une grande distance, on avait l’impression que le tableau manquait de profondeur et le ciel noir donnait par contraste au sol lunaire l’aspect que prend la nuit le décor d’un théâtre en plein air : on peut éclairer le décor avec des projecteurs électriques, mais non le ciel, et l’artifice apparaît.

À grand’peine, les explorateurs regagnèrent le Selenit, où ils purent enfin se réfugier.

On se hâta de débarrasser de son scaphandre Scherrebek, sur le sort duquel on était très inquiet. Les membres de l’équipage qui étaient restés à bord furent bouleversés quand ils apprirent ce qui s’était passé.

On étendit le capitaine sur une couchette, on essaya de le ranimer. Ce fut en vain. Il respirait encore, mais ne reprenait pas connaissance.