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une mission internationale dans la lune

voiture, obéissant à l’effet du recul, se mettra en mouvement dans une direction opposée à celle des projectiles.

— Est-ce ainsi que vous avez l’intention de lancer le Selenit ?

— Exactement.

— En ce cas, je pense que l’état de spectateur sera singulièrement dangereux. Vous allez nous bombarder copieusement quand vous vous envolerez vers la lune.

— Rassurez-vous ! Les tubes de notre moteur à réaction ou, si vous préférez, nos canons ne lanceront pas de projectiles solides. Ils ne chasseront que les gaz des explosions.

— Alors il n’y aura plus de recul ?

— Si, car c’est uniquement la masse de la matière mise en jeu qui importe. Cent kilos de gaz font sous ce rapport exactement le même effet que cent kilos de fonte. Ainsi les fusées d’artifice s’élèvent dans l’espace et ne rejettent pourtant aucune particule solide. Le Selenit se comportera comme une énorme fusée.

— Mais pourquoi tant de complications ? Pourquoi n’avoir pas fait lancer tout simplement le Selenit par un canon monstre comme l’avait imaginé Jules Verne ?

— Il est vrai que la construction d’un canon comme la Columbiad de Jules Verne, pouvant tirer un projectile à la vitesse initiale de douze à quinze mille mètres à la seconde, serait une chose relativement aisée avec les moyens de l’industrie moderne ; mais Jules Verne a oublié une chose : c’est que l’organisme humain n’est pas assez solide pour résister à une accélération de plus de dix mètres à la seconde. Un homme que l’on ferait passer brusquement de l’immobilité à une vitesse de douze mille mètres à la seconde, serait tué aussi sûrement que si on lui laissait tomber sur la tête un poids de cent tonnes. Dans la réalité, Michel Ardan, Barbicane et Nicholl auraient été aplatis comme des galettes sur le fond de leur boulet.

— Mais ne pourrait-on imaginer un canon très long,