Page:Jean Petithuguenin Une mission internationale dans la Lune 1933.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
une mission internationale dans la lune

qui vous arrive, c’est que vous êtes devenue une femme fort légère, car si vous pesiez environ soixante kilos sur la terre, vous n’en pesez plus actuellement que quinze. En outre, quand vous vous laissez tomber dans l’espace, votre vitesse, au lieu d’augmenter de dix mètres par seconde comme sur la terre, n’augmente plus que de deux mètres cinquante. Voilà pourquoi vous redescendez si mollement après avoir sauté jusqu’au plafond.

« Cette diminution considérable de la pesanteur vous explique aussi que nous ayons pu arrêter le moteur quand nous sommes encore loin d’avoir atteint la vitesse critique de 12 000 mètres à la seconde nécessaire pour se libérer de l’attraction terrestre. À l’altitude où nous sommes, la vitesse critique n’est plus en effet que de 8 200 mètres.

— Pardonnez-moi, docteur, dit Bojardo, mais pour une fois votre science est en défaut.

— Comment !

— Je demande à Mme Brifaut si elle a la sensation de peser encore quelque chose, ne fût-ce que quinze kilos.

— Ma foi non, repartit Madeleine, je me sens immatérialisée.

— Vous avez raison, Bojardo, exclama Lang, et je ne suis qu’un étourdi. Nous n’éprouvons même plus les effets de l’attraction terrestre… Je vais vous expliquer pourquoi, madame. Nous courons sur notre erre et si nous n’avions pas à subir le champ de gravitation du globe, notre vitesse resterait invariable comme celle d’un corps qui n’est soumis à aucune force. N’étant à proximité d’aucun astre, nous ne serions attirés par rien et nous serions, comme nous l’éprouvons en ce moment, délivrés de toute pesanteur.

— Mais ce n’est pas notre cas, objecta Madeleine, puisque nous sommes au voisinage de la terre.

— Attendez ! La terre en nous attirant, tend à ralentir notre mouvement. Si nous ne marchions pas, nous tomberions vers elle avec cette accélération de deux mètres cinquante par seconde que je vous indiquais tout