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une mission internationale dans la lune

à l’heure. Comme nous avons un mouvement propre, nous continuons à nous éloigner ; seulement notre vitesse diminue de deux mètres cinquante par seconde : nous cédons à la force qui nous sollicite vers le centre de la terre ; en y cédant, nous cessons de la percevoir. Pour la sentir, nous devrions lutter contre elle, c’est-à-dire propulser notre nef avec une force égale à l’attraction terrestre et de sens contraire, qui compenserait exactement les effets de la pesanteur. Au reste, au fur et à mesure que nous nous éloignons, celle-ci devient moins intense et notre retard est moins sensible. Voilà pourquoi notre ami Bojardo a raison… Pas tout à fait pourtant, ajouta Lang avec un sourire triomphant : nous ne sommes pas absolument privés de pesanteur, car notre Selenit, qui est un microcosme, possède une certaine masse et nous attire vers son centre de gravité. Oh ! bien faiblement sans doute ! mais cela suffit à nous maintenir sur ce plancher comme nous y voilà.

En effet les passagers revenaient toujours se poser sur le plancher, mais le moindre geste les lançait d’un bout à l’autre de la salle.

Madeleine se mouvant avec précaution, alla regarder par un hublot et vit un coin de ciel noir semé d’étoiles. Son mouvement avait produit une légère oscillation comme si le Selenit avait flotté dans un liquide.

— C’est drôle, dit-elle, le plancher remue.

— C’est-à-dire qu’en marchant, vous déplacez le centre de gravité du Selenit et vous changez sa position d’équilibre.

Goffoël avait consulté sa montre.

— Il y a quarante-cinq minutes que nous naviguons.

— Mais nous sommes partis à quatre heures de l’après-midi et il fait déjà nuit, exclama étourdiment Madeleine. Comment cela se fait-il ?

— À quoi voyez-vous qu’il fait nuit ? demanda Lang.

Madeleine montra le hublot.

— Regardez, le ciel est noir.

— C’est simplement parce qu’il n’y a pas d’air et qu’il