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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/105

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CHAPITRE V


Du descouvrement et premiere veuë que nous eusmes, tant de l’Inde Occidentale ou terre du Bresil, que des Sauvages habitans en icelle, avec tout ce qui nous advint sur mer, jusques sous le Tropique de Capricorne.


Apres cela nous eusmes le vent d’Ouest qui nous estoit propice, et tant nous dura que le vingtsixiesme jour du mois de Febvrier, 1557. prins à la nativité environ huict heures du matin, nous eusmes la veuë de l’Inde Occidentale, terre du Bresil, quarte partie du monde, et incogneuë des anciens : autrement dite Amerique, du nom de celuy qui environ l’an 1497, la descouvrit premierement. Or ne faut-il pas demander si nous voyans si proche du lieu où nous pretendions, en esperance d’y mettre tost pied à terre, nous en fusmes joyeux, et en rendismes graces à Dieu de bon courage. Et de fait parce qu’il y avoit pres de quatre mois, que sans prendre port nous branslions et flotions sur mer, nous estant souvent venu en l’entendement que nous y estions comme exilez, il nous estoit advis que nous n’en deussions jamais sortir. Apres donc que nous eusmes bien remarqué, et apperceu tout à clair que ce que nous avions descouvert estoit terre ferme (car on se trompe souvent sur mer aux nuées qui s’esvanouissent), ayans vent propice