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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/119

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Geneve, que c’estoit pour dresser une Eglise reformée selon la parole de Dieu en ce pays-là, luy leur respondant là dessus, usa de ces propres paroles.

Quant à moy (dit-il), ayant voirement dés long temps, et de tout mon coeur desiré telle chose, je vous reçois tresvolontiers à ces conditions : mesmes parce que je veux que nostre Eglise ait le renom d’estre la mieux reformée par dessus toutes les autres : dés maintenant j’enten que les vices soyent reprimez, la somptuosité des accoustremens reformée, et en somme, tout ce qui nous pourroit empescher de servir à Dieu osté du milieu de nous. Puis levant les yeux au ciel et joignant les mains dit : Seigneur Dieu, je te rends graces de ce que tu m’as envoyé ce que dés si long temps je t’ay si ardemment demandé : et derechef s’adressant à nostre compagnie, dit : Mes enfans (car je veux estre vostre pere), comme Jesus Christ estant en ce monde n’a rien faict pour luy, ains tout ce qu’il a faict a esté pour nous : aussi (ayant ceste esperance que Dieu me preservera en vie jusques à ce que nous soyons fortifiez en ce pays, et que vous vous puissiez passer de moy) tout ce que je pretens faire ici, est, tant pour vous que pour tous ceux qui y viendront à mesme fin que vous y estes venus. Car je delibere d’y faire une retraitte aux povres fideles qui seront persecutez en France, en Espagne et ailleurs outre mer, à fin que sans crainte ni du Roy, ni de l’Empereur ou d’autres potentats, ils y puissent purement servir à Dieu selon sa volonté. Voila les premiers propos que Villegagnon nous tint à nostre arrivée, qui fut un mercredi dixiesme de Mars 1557.

Apres cela ayant commandé que toutes ses gens s’assemblassent promptement avec nous en une petite sale, qui estoit au milieu de l’isle, apres que le ministre