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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/124

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je proteste et confesse franchement, que sans la lumiere de ton sainct Esprit je ne suis idoine sinon à pecher : par ainsi me despouillant de toute gloire, je veux qu’on sache de moy que s’il y a lumiere ou scintille de vertu en l’oeuvre prinse que tu as fait par moy, je la confesse à toy seul, source de tout bien. En ceste foy doncques, mon Dieu, je te rend graces de tout mon coeur, qu’il t’a pleu m’avoquer des affaires du monde, entre lesquels je vivois par appetit d’ambition, t’ayant pleu par l’inspiration de ton sainct Esprit me mettre au lieu, où en toute liberté je puisse te servir de toutes mes forces et augmentation de ton sainct regne. Et ce faisant apprester lieu et demeurance paisible à ceux qui sont privez de pouvoir invoquer publiquement ton nom, pour te sanctifier et adorer en Esprit et verité, recognoistre ton Fils nostre Seigneur Jesus, estre l’unique Mediateur, nostre vie et adresse, et le seul merite de nostre salut. Davantage, je te remercie, ô Dieu de toute bonté, que m’ayant conduit en ce pays entre ignorans de ton nom et de ta grandeur, mais possedez de Satan, comme son heritage, tu m’ayes preservé de leur malice, combien que je fusse destitué de forces humaines : mais leur as donné terreur de nous, tellement qu’à la seule mention de nous ils tremblent de peur, et les as dispersez pour nous nourrir de leurs labeurs. Et pour refrener leur brutale impetuosité, les as affligez de tres-cruelles maladies, nous en preservant : tu as osté de la terre ceux qui nous estoyent les plus dangereux, et reduit les autres en telle foiblesse qu’ils n’osent rien entreprendre sur nous. Au moyen dequoy ayons loisir de prendre racine en ce lieu, et pour la compagnie qu’il t’a pleu y amener sans destourbier, tu y as establi le regime d’une Eglise pour nous entretenir