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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/147

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tous costez, elle est assez semblable à iceluy quant à sa situation.

Au reste, d’autant qu’en laissant la grand mer, il faut costoyer trois petites isles inhabitables, contre lesquelles les navires, si elles ne sont bien conduites sont en grand danger de heurter et se briser, l’emboucheure en est assez fascheuse. Apres cela, il faut passer par un destroit lequel n’ayant pas demi quart de lieuë de large, est limité du costé gauche en y entrant d’une montagne et roche pyramidale, laquelle n’est pas seulement d’esmerveillable et excessive hauteur, mais aussi à la voir de loin, on diroit qu’elle est artificielle : et de faict, parce qu’elle est ronde et semblable à une grosse tour, entre nous François, par une maniere de parler hyperbolique, l’avions nommée le pot de beurre. Un peu plus avant dans la riviere il y a un rocher, assez plat, qui peut avoir cent ou six vingts pas de tour, que nous appellions aussi le Ratier, sur lequel Villegagnon à son arrivée, ayant premierement posé ses meubles et son artillerie, s’y pensa fortifier : mais le flus et reflus de la mer l’en chassa. Une lieue plus outre, est l’isle où nous demeurions, laquelle, ainsi que j’ay jà touché ailleurs, estoit inhabitable auparavant que Villegagnon fust arrivé en ce pays-là : mais au reste n’ayant qu’environ demi lieue Françoise de circuit, et estant six fois plus longue que large, environnée qu’elle est de petits rochers à fleur d’eau, qui empeschent que les vaisseaux n’en peuvent approcher plus pres que la portée du canon, elle est merveilleusement et naturellement forte. Et de faict n’y pouvant aborder, mesmes avec les petites barques, sinon du costé du port, lequel est encore à l’opposite de l’avenue de la grand mer, si elle eust esté bien gardée, il n’eust pas esté possible de la forcer ni de