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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/169

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seulement, comme j’ay jà dit, les femmes de nos Toüoupinambaoults demeurantes en terre ferme en toute liberté, avec leurs maris, peres et parens, estoyent là du tout obstinées de ne vouloir s’habiller en façon que ce fust : mais aussi quoy que nous fissions couvrir par force les prisonnieres de guerre que nous avions achetées, et que nous tenions esclaves pour travailler en nostre fort, tant y a toutesfois qu’aussitost que la nuict estoit close, elles despouillans secretement leurs chemises et les autres haillons qu’on leur bailloit, il falloit que pour leur plaisir et avant que se coucher elles se pourmenassent toutes nues parmi nostre isle. Brief, si c’eust esté au chois de ces pauvres miserables, et qu’à grands coups de fouets on ne les eust contraintes de s’habiller, elles eussent mieux aimé endurer le halle et la chaleur du Soleil, voire s’escorcher les bras et les espaules à porter continuellement la terre et les pierres, que de rien endurer sur elles.

Voila aussi sommairement quels sont les ornemens, bagues et joyaux ordinaires des femmes et des filles Ameriquaines. Partant sans en faire ici autre epilogue, que le lecteur, par ceste narration les contemple comme il luy plaira.

Traitant du mariage des sauvages, je diray comme leurs enfans sont accoustrez dés leur naissance : mais pour l’esgard des grandets au dessus de trois ou quatre ans, je prenois sur tout grand plaisir de voir les petits garçons qu’ils nomment conomi-miri, lesquels fessus, grassets et refaits qu’ils sont, beaucoup plus que ceux de par-deça, avec leurs poinçons d’os blanc dans leurs levres fendues, les cheveux tondus à leur mode, et quelque fois le corps peinturé, ne failloyent jamais de venir en troupe dansans au devant de nous quand