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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/202

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CHAPITRE XI


De la varieté des oyseaux de l’Amerique, tous differens des nostres : ensemble des grosses chauve-souris, abeilles, mousches, mouschillons, et autres vermines estranges de ce pays-là.


Je commenceray aussi ce chapitre des oiseaux (lesquels en general nos Toüoupinambaoults appellent Oura) par ceux qui sont bons à manger. Et premierement diray, qu’ils ont grande quantité de ces grosses poules que nous appellons d’Indes, lesquelles eux nomment Arignan-oussou : comme aussi depuis que les Portugais ont frequenté ce pays-là, ils leur ont donné l’engeance des petites poules communes, qu’ils nomment Arignan-miri, desquelles ils n’avoyent point auparavant. Toutesfois, comme j’ay dit quelque part, encor qu’ils facent cas des blanches pour avoir les plumes, à fin de les teindre en rouge et de s’en parer le corps, tant y a qu’ils ne mangent gueres ni des unes ni des autres. Et mesmes estimans entr’eux que les oeufs qu’ils nomment Arignan-ropia, soyent poisons : quand ils nous en voyoient humer, ils en estoyent non seulement bien esbahis, mais aussi, disoyent-ils, ne pouvans avoir la patience de les laisser couver, C’est trop grande gourmandise à vous, qu’en mangeant un oeuf, il faille que vous mangiez une poule. Partant ne tenant gueres plus de conte de