Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/64

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Ville Henry, laquelle fantastiquement il nous avoit bastie en l’air, en l’Amerique. Mais en attendant que je face mes approches, et que, puisqu’il est adverti, il se prepare pour soustenir vaillamment l’assaut ou se rendre, je prieray les lecteurs, qu’en se resouvenant de ce que j’ay dit ci dessus, que les impostures de Thevet contre nous ont esté cause en partie de me faire mettre ceste histoire de nostre voyage en lumiere, ils m’excusent si en ceste preface, l’ayant conveincu par ses propres escrits, j’ay esté un peu long à le rembarrer. Surquoy je n’insisteray pas d’avantage, encor que depuis ma premiere impression on m’ait adverti que Thevet cerchoit des memoires pour escrire contre moy ; mesmes quelques-uns de ceux qui se disent de nostre Religion luy en avoyent voulu bailler : enquoy, si ainsi est, ils monstrent le bon zele qu’ils y ont. Car, comme j’ay dit ailleurs, n’ayant jamais veu Thevet, que je sache, ny receu desplaisir de luy pour mon particulier, ce que je l’ay contredit en ceste histoire est seulement pour oster le blasme qu’il avoit voulu mettre sus à l’Evangile, et à ceux qui de nostre temps l’ont premierement annoncée en la terre du Bresil.

Ce qui servira aussi pour respondre à cest Apostat Matthieu de Launay, lequel au second livre qu’il a fait, pour mieux descouvrir son Apostasie, a esté si impudent d’escrire, qu’encor qu’il ne fust question de la Religion, les ministres n’ont laissé de mordre en leurs escrits les plus excellens personnages de nostre temps, entre lesquels il met Thevet : qui neantmoins à l’endroit où je l’ay principalement refuté, s’estoit sans occasion, directement et formellement attaché à la Religion reformée et à ceux qui en font profession. Parquoy que cest effronté de Launay, qui au lieu que j’ay allegué, m’appellant belistre (pour me bien cognoistre,