Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/65

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dit-il, en quoy derechef il ment impudemment, car je n’eu jamais accez à luy, ni semblablement luy à moy, dont je loue Dieu) est luy-mesme delaissant Jesus Christ la fontaine d’eau vive, retourné boire és cysternes puantes du Pape, et caymander en sa cuisine, se mesle seulement de la defendre jusques à ce que luy et ses semblables (qui ont mal senti de la foy, dira-on finalement) y soyent du tout eschaudez, apres que on se sera servi d’eux par ce moyen, miserables devant Dieu et devant les hommes. Ainsi donc, pour conclure ce propos, que Thevet responde, s’il en a envie, si ce que j’ay dit contre luy est vray ou non : car c’est là le poinct, et non pas à la façon des mauvais plaideurs, esgarer la matiere en s’informant qui je suis, combien que par la grace de Dieu (sans faire comparaison) j’aille aussi hardiment partout la teste levée qu’il sçauroit faire, quelque Cosmographe qu’il soit l’asseurant, s’il met en avant autre chose que la verité, de luy opposer des raisons si fermes que mettant tousjours ses propres escrits au devant, il ne faudra pas traverser jusques en l’Amerique pour faire juger à chacun quels ils sont.

Semblablement et tout d’un fil, je prie que nul ne se scandalize de ce que, comme si je voulois resveiller les morts, j’ay narré en ceste histoire quels furent les deportemens de Villegagnon en l’Amerique pendant que nous y estions : car outre ce que cela est du sujet que je me suis principalement proposé de traitter, assavoir monstrer à quelle intention nous fismes ce voyage, je n’en ay pas dit à peu pres de ce que j’eusse fait, s’il estoit de ce temps en vie.

Au surplus, pour parler maintenant de mon faict, parce premierement que la Religion est l’un des principaux poincts qui se puisse et doive remarquer parmi