Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/109

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prochains parens de l’offensé et mesme si la mort s’en ensuit, ou qu’il soit tué sur le champ, les parens du defunct feront semblablement perdre la vie au meurtrier. Tellement que pour le dire en un mot, c’est vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, etc. mais comme j’ay dit, cela se voit fort rarement entre eux.

Touchant les immeubles de ce peuple, consistans en maisons, et (comme j’ay dit ailleurs) en beaucoup plus de tres bonnes terres qu’il n’en faudroit pour les nourrir quant au premier, se trouvant tel village entre eux où il y a de cinq à six cents personnes, encores que plusieurs habitent en une mesme maison : tant y a que chaque famille (sans separation toutesfois de choses qui puissent empescher qu’on ne voye d’un bout à l’autre de ces bastimens, ordinairement longs de plus de soixante pas) ayant son rang à part, le mari a ses femmes et ses enfans separez. Sur quoy faut noter (ce qui est aussi estrange en ce peuple) que les Bresiliens ne demeurans ordinairement que cinq ou six mois en un lieu, emportans puis apres les grosses pieces de bois et grandes herbes de Pindo, de quoy leurs maisons sont faites et couvertes, ils changent ainsi souvent de place en place leurs villages lesquels cependant retiennent tousjours leurs anciens noms : de maniere que nous en avons quelquefois trouvé d’esloignez des lieux où nous avions esté auparavant, d’un quart ou demi-lieuë. Ce qui peut faire juger à chacun, puisque leurs tabernacles sont si aisez à transporter, que non seulement ils n’ont point de grands palais eslevez (comme quelqu’un a escrit qu’il y a des Indiens au Peru qui ont leurs maisons de bois si bien basties qu’il y a des sales longues de cent cinquante pas, et larges de huictante), mais aussi que nul