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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/129

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à ma contenance si je ferois bien la guerre aux Portugais et aux Margajas nos communs ennemis. Mais de mon costé, à fin de luy oster l’occasion d’en faire autant une autre fois, ou à moy, ou à un autre des nostres : joint que telles risées ne sont pas fort plaisantes, non seulement je luy manday que je n’avois que faire de luy, et que je ne voulois point de pere qui m’esprouvast avec une espée au poing, mais aussi le lendemain, entrant en la maison où il estoit, à fin de luy faire trouver meilleur, et luy monstrer que tel jeu me desplaisoit, je donnay des petits cousteaux et des haims à pescher aux autres tout aupres de luy qui n’eut rien. On peut donc recueillir tant de cest exemple, que de l’autre que j’ay recité cy dessus de mon premier voyage parmi les sauvages, ou, pour l’ignorance de leur coustume envers nostre nation je cuidois estre en danger, que ce que j’ay dit de leur loyauté envers leurs amis demeure tousjours vray et ferme : assavoir qu’ils seroyent bien marris de leur faire desplaisir. Surquoy, pour conclusion de ce poinct, j’adjousteray, que sur tout les vieillards, qui par le passé ont eu faute de coignées, serpes, et cousteaux (qu’ils trouvent maintenant tant propres pour couper leurs bois, et faire leurs arcs et leurs flesches) non seulement traittent fort bien les François qui les visitent, mais aussi exhortent les jeunes gens d’entr’eux, de faire le semblable à l’advenir.

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