Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de France, où les Mulets sont remontez de la mer, que ces poissons vont coustumierement par troupes : les sauvages les voyans ainsi par grosses nuées bouillonner dans la mer, tirans soudain à travers, rencontrent si droit, que presques à toutes les fois en embrochans plusieurs de leurs grandes flesches : ainsi dardez qu’ils sont, ne pouvans aller en fond, ils les vont querir à la nage. Davantage la chair de ces poissons, sur tous autres, estant fort friable : quand ils en prennent quantité, apres qu’ils les ont fait seicher sur le Boucan, les esmians, ils en font de tres-bonne farine.

Camouroupouy-ouassou est un bien grand poisson (car aussi Ouassou en langue Bresilienne veut dire grand ou gros, selon l’accent qu’on luy donne) duquel nos Toüoupinambaoults dansans et chantans, font ordinairement mention, disans, et repetans souvent en ceste sorte, Pira-ouassou à oueh : Kamouroupouy-ouassou à oueh, etc. et est fort bon à manger.

Deux autres qu’ils nomment ouara et acara-ouassou, presque de mesme grandeur que le precedent, mais meilleurs : voire diray que l’ouara, n’est pas moins delicat que nostre truite.

Acarapep, poisson plat, lequel en cuisant jette une graisse jaune, qui luy sert de sausse, et en est la chair merveilleusement bonne.

Acara-bouten, poisson visqueux, de couleur tannée ou rougeastre, qui, estant de moindre force que les susdits, n’a pas le goust fort agreable au palais.

Un autre qu’ils appellent Pira-ypochi, qui est long comme une anguille, et n’est pas bon : aussi ypochi en leur langage veut dire cela.

Touchant les rayes qu’on pesche en la riviere de Genevre, et és mers d’environ, elles ne sont pas seulement