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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/30

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toyent, si nous en prenions des coupeaux ou des buschilles en la main, nous avions la vraye senteur d’une franche rose. D’autre au contraire, que les sauvages nomment Aouai, qui put et sent si fort les aulx, que quand on le coupe ou qu’on en met au feu, on ne peut durer aupres : et a ce dernier quasi les fueilles comme celles de nos pommiers. Mais au reste son fruict (lequel ressemble aucunement une chastaigne d’eau) et encore plus, le noyau qui est dedans, est si venimeux que qui en mangeroit il sentiroit soudain l’effect d’un vray poison. Toutesfois parce que c’est celuy, duquel j’ay dit ailleurs que nos Ameriquains font les sonnettes qu’ils mettent à l’entour de leurs jambes, à cause de cela ils l’ont en grande estime. Et faut noter en cest endroit, qu’encores que ceste terre du Bresil (comme nous verrons en ce chapitre) produise beaucoup de bons et excellens fruicts, qu’il s’y trouve neantmoins plusieurs arbres qui ont les leurs beaux à merveilles, et cependant ne sont pas bons à manger. Et nommément sur le rivage de la mer il y a force arbrisseaux qui portent les leurs presques ressemblans à nos neffles, mais tres-dangereux à manger. Aussi les sauvages voyans les François et autres estrangers approcher de ces arbres pour cueillir le fruict, leur disant en leur langage Ypahi, c’est à dire, il n’est pas bon, les advertissent de s’en donner garde.

Hivouraé, ayant l’escorce de demi doigt d’espais, et assez plaisant à manger, principalement quand elle vient fraischement de dessus l’arbre, est (ainsi que je l’ay ouy affermer à deux apoticaires, qui avoyent passé la mer avec nous) une espece de Gaiat. Et de faict, les sauvages en usent contre une maladie qu’ils nomment Pians, laquelle, comme je diray ailleurs, est aussi