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Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/29

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Un autre arbre que les sauvages appellent Airy, lequel bien qu’il ait les fueilles comme celles de palmier, la tige garnie tout à l’entour d’espines, aussi desliées et picquantes qu’esguilles, et qu’il porte un fruict de moyenne grosseur, dans lequel se trouve un noyau blanc comme neige, qui neantmoins n’est pas bon à manger, est à mon advis une espece d’hebene : car outre ce qu’il est noir, et que les sauvages, à cause de sa dureté en font des espées et massues de bois, avec une partie de leurs flesches (lesquelles je descriray quand je parleray de leurs guerres) estant aussi fort poli et luisant quand il est mis en besongne, encor est-il si pesant que si on le met en l’eau il ira au fond.

Au reste, et avant que passer plus outre, il se trouve de beaucoup de sortes de bois de couleur en ceste terre d’Amerique dont je ne sçay pas tous les noms des arbres. Entre lesquels, j’en ay veu d’aussi jaunes que buis : d’autres naturellement violets, dont j’avois apporté quelques reigles en France : de blancs comme papier : d’autres sortes si rouges qu’est le Bresil, dequoy les sauvages font aussi des espées de bois et des arcs. Plus un qu’ils nomment Copa-u, lequel, outre que l’arbre sur le pied ressemble aucunement au noyer, sans porter noix toutesfois : encores les ais, comme j’ay veu, estans mis en besongne en meuble de bois, ont la mesme veine.

Semblablement il s’en trouve aucuns qui ont les fueilles plus espesses qu’un teston : d’autres les ayans larges de pied et demi, et de plusieurs autres especes, qui seroyent longues à reciter par le menu.

Mais sur tout je diray qu’il y a un arbre en ce pays-là, lequel avec la beauté sent si merveilleusement bon, que quand les menuisiers le chapotoyent ou rabo-