Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/41

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Finalement il croist en ce pays-là une sorte d’aussi grosses et larges febves que le pouce, lesquelles les sauvages appellent Commanda-ouassou : comme aussi de petits pois blancs et gris, qu’ils nomment Commanda-miri. Semblablement certaines citrouilles rondes, nommées par eux Maurougans fort douces à manger.

Voila, non pas tout ce qui se pourroit dire des arbres, herbes et fruicts de ceste terre du Bresil, mais ce que j’en ay remarqué durant environ un an que j’y ay demeuré. Surquoy, pour conclusion, je diray que tout ainsi que j’ay cy devant declaré qu’il n’y a bestes à quatre pieds, oyseaux, poissons, ny animaux en l’Amerique, qui en tout et par tout soyent semblables à ceux que nous avons en Europe : qu’aussi, selon que j’ay soigneusement observé en allant et venant par les bois et par les champs de ce pays-là, excepté ces trois herbes : assavoir du pourpier, du basilic, et de la feugiere, qui viennent en quelques endroits, je n’y ay veu arbres, herbes, ny fruicts qui ne differassent des nostres. Parquoy toutes les fois que l’image de ce nouveau monde, que Dieu m’a fait voir, se represente devant mes yeux : et que je considere la serenité de l’air, la diversité des animaux, la varieté des oyseaux, la beauté des arbres et des plantes, l’excellence des fruicts : et brief en general les richesses dont ceste terre du Bresil est decorée, incontinent ceste exclamation du Prophete au Pseaume 104. me vient en memoire.


O Seigneur Dieu que tes oeuvres divers
Sont merveilleux par le monde univers :
O que tu as tout fait par grand sagesse !
Bref, la terre est pleine de ta largesse.