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CHAPITRE XIV


De la guerre, combats, hardiesse et armes des sauvages.


Combien que nos Toüoupinambaoults Toupinenquins, suyvant la coustume de tous les autres sauvages qui habitent ceste quatriesme partie du monde, laquelle en latitude, depuis le destroit de Magellan qui demeure par les cinquante degrez tirant au Pole Antarctique, jusques aux terres Neuves, qui sont environ les soixante au deçà du costé de nostre Arctique, contient plus de deux mille lieuës, ayant guerre mortelle contre plusieurs nations de ce pays-là : tant y a que leurs plus prochains et capitaux ennemis sont, tant ceux qu’ils nomment Margajas que les Portugais qu’ils appellent Peros leurs alliez : comme au reciproque lesdits Margajas n’en veulent pas seulement aux Toüoupinambaoults, mais aussi aux François leurs confederez. Non pas, quant à ces Barbares, qu’ils se facent la guerre pour conquerir les pays et terres les uns des autres, car chacun en a plus qu’il ne luy en faut : moins que les vainqueurs pretendent de s’enrichir des despouilles, rançons, et armes des vaincus : ce n’est pas di-je tout cela qui les meine. Car, comme eux mesmes confessent, n’estans poussez d’autre affection que de venger, chacun de