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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/312

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À ce cœur malheureux ordonnez son supplice,

A-t-il reçu de vous quelque commandement

Dont il ait murmuré du penser seulement ?

Restreignez mon espoir en d'étroites limites,

Ne me permettez plus l'honneur de vos visites,

Comblez de vos faveurs l'auteur de mon tourment,

Caressez à mes yeux ce glorieux amant,

Et (si vous l'agréez) imputez-moi des crimes,

Qui rendent votre haine, et mon mal légitime,

Vous verrez mon respect forcer mes sentiments,

Je croirai mériter les plus durs châtiments.

Il ne sortira point de plaintes de ma bouche,

Je n'aurai point dessein, que ma douleur vous touche ;

Et celui de vous plaire et de vous obéir,

Me fera détester moi-même, et me haïr.

ÉRANTE

.

Vous imitez, Monsieur, ces âmes insensées,

Qu'on ne trouve jamais en d'égales pensées,

Qui blâment sans sujet, ou prisent leur destin,

Et ne sont plus le soir en l'état du matin ;

Ce vice à mon avis est un défaut extrême,

Moi je vis autrement, et je suis toujours même,

Je médite longtemps, sur le choix que je fais,

Mais depuis qu'il est fait, je ne change jamais.

LISIDAN

.

J'ai donc été l'objet d'une éternelle haine ;

Une amour de deux ans, m'est donc ingrate, et vaine,

Lui montrant la lettre.

Et dionys plaît seul à vos chastes beautés,

Depuis que je vous sers, et que vous m'écoutez.

ÉRANTE

.

Érante voyant sa lettre.

Et c'est là Lisidan le sujet de vos plaintes.