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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/313

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LISIDAN

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Il est assez puissant.

ÉRANTE

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Ô Dieux ! Les vaines craintes ;

Vivez, vivez heureux, et ne m'accusez plus,

S'il vous faut seulement contenter là-dessus ;

Dionys est charmé des beautés d'Amélie,

Vous avez vu sa peine et sa mélancolie,

Il n'est inquiétude égale à son souci,

Et je me trompe fort, ou ma sœur l'aime aussi ;

Mais son sort, et le nôtre a tant de différence,

Qu'il devrait étouffer cette vaine espérance ;

Il a d'un vain désir ses attraits honorés,

Il faut entrer chez nous par des chemins dorés ;

Vous savez quelle humeur aux vieillards est commune,

Ils prisent la vertu, mais prennent la fortune ;

Mon père est de ce nombre, et son contentement

Dépend du vain éclat des trésors seulement.

Il sait que Dionys n'est riche qu'en mérites,

Et que ma sœur pourtant en souffre les visites,

Si bien, qu'imaginant quelque inclination,

Il la veut ruiner par cette invention ;

Il m'oblige de feindre une amitié naissante,

Pour ce fidèle amant, que lui-même ressente,

Il veut que mes regards, ma voix, et mes écrits,

Soient sans cesse employés à toucher ses esprits ;

Si j'obtiens cet effet, Amélie est plus vaine,

Que de daigner après considérer sa peine,

Il n'en peut espérer un seul trait de pitié,

Si je puis une fois rompre leur amitié ;

Croyez ce qui vous plaît : la feinte consommée,

Vous saurez si sa grâce à mon âme charmée,