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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/320

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intérêt

Et depuis un moment, sa rigueur indiscrète,

A tiré de ma voix l’ouï que je regrette.

DIONYS

.

Donc, votre volonté (beau soleil de mes jours),

Relève d'un pouvoir plus fort que nos amours ?

On contraint vos désirs ? L'amour est né sans père,

Et vous en avez un, que le vôtre révère ;

Hélas ! Si vous aviez tant de facilité,

Et si vous prévoyez cette nécessité,

Vous deviez étouffer ma passion naissante

Plutôt que la réduire à vivre languissante,

Car, après tant d'espoir, ne vous posséder pas,

C'est souffrir sans mourir, pire, que le trépas.

AMÉLIE

.

Tu condamnes bientôt l'amitié la plus rare,

Qui doive être prisée en ce siècle barbare ;

Combattons, enflammés de désirs si parfaits,

À qui les prouvera par de plus beaux effets :

Que ferais-tu pour moi ?

DIONYS

.

Je prendrais plus de peine,

Que deux Rois ennemis n'en ont pris pour Hélène,

J'effacerais le nom des plus parfaits amants,

Et je m'immolerais à vos commandements.

AMÉLIE

.

Moi, je ferais pour toi, plus que le penser même,

Ne peut imaginer, et d'étrange, et d'extrême.

J'effacerais l'éclat de ton affection,

Et sois vain si tu veux de ma confession.

DIONYS

.