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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/319

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LISIDAN

.

En l'état où je suis,

Faites-moi seulement juge de mes ennuis,

Tous les amants, qui sont, et ne sont plus au monde,

Ixion sur la roue, et Tantale dans l'onde,

Si vous considérez l'excès de mon tourment

Ont à comparaison souffert légèrement.

Déchu, par mon malheur d'une gloire suprême,

Je ne vois rien d'égal à ma misère extrême,

Et vous devez le prix à ses charmes vainqueurs,

Si leurs coups sont égaux à ceux de ses rigueurs,

Quelle borne, destins à mes maux est prescrite.

DIONYS

.

Espérez-la du temps, et de votre mérite,

Mais j'implore le même, adorable beauté,

Quand sera par l'Hymen notre amour limité ?

Et quand, vous dégageant des contraintes d'un père,

Voulez-vous accomplir le bonheur que j'espère.

AMÉLIE

.

Hélas ! Que j'ai de peine, à t'ouvrir mon secret ?

Que ce coeur est atteint d'un sensible regret ?

Et qu'un mot proféré me rendra misérable,

Si nous n'imaginons un moyen favorable,

Qui conserve à tes vœux mon amour et ma foi,

Qui m'ôte à ton rival, et qui me rende à toi.

Demain.

DIONYS

.

Quoi ce rival trahit mon espérance ?

AMÉLIE

.

Mon père m'abandonne à sa persévérance,

Il considère peu si ce dessein me plaît,

Il veut que mon amour cède à mon