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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/327

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Je confesse mon crime, il est grand en effet,

Mais l'amour est auteur de ce mal que j'ai fait,

J'avais ce seul moyen d'expliquer ma pensée,

À cet aimable objet, dont mon âme est blessée.

LE VALET

.

Non, ne pardonnez point.

ÉMILE

.

Dieux ! Que de lâcheté,

Tu consultes perfide, en cette extrémité ?

Tu n'es pas un objet digne de mon courage.

Et mon valet suffit pour punir cet outrage,

Fais périr ce voleur.

LE VALET

.

Qu'il meurt de vos coups,

Je ne me trouve pas maintenant en courroux.

ÉRANTE

.

L'agréable combat !

ÉMILE

.

Quoi tu souffres ce traître,

Et ne prends point de part aux affronts de ton maître ;

Lâche, craint d'en avoir en sa punition ;

Mais je fais trop longtemps languir ma passion ;

Il faut priver du jour cet objet de ma haine,

Et moi-même, je dois, me donner cette peine.

DIONYS

.

Comment point de pardon ? Et la vaillance même,

Ne considère pas un repentir extrême ;

Ajoutez cette gloire à vos rares vertus.

ÉMILE

.

Je n'ai point de pitié pour des cœurs abattus,

Je pardonne ton crime, et je punis la crainte