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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/328

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Dont si honteusement je vois ton âme atteinte,

Tu ne te défends pas ?

DIONYS
mettant l'épée à la main

En cette extrémité

Il faut donc obéir à la nécessité ?

ÉMILE

.

Admire maintenant mon humeur débonnaire,

Cet effet de courroux alentit ma colère ;

J'ai pitié des vaillants, et ta résolution

Dispose ma justice, à ta rémission.

DIONYS

.

Non, non, brave guerrier, cet effet de clémence,

À ta rare valeur fait trop de violence,

Tu dois à mon offense un juste châtiment ;

Pour moi, jamais ce fer n'est tiré vainement.

ÉMILE

.

Révérons, indiscret, cette rare merveille,

DIONYS

.

Plutôt prouve à ses yeux ta valeur sans pareille,

Donnons, c'est trop longtemps différer mon trépas.

ÉMILE

.

Non je suis satisfait.

DIONYS

.

Et je ne le suis pas,

C'est trop délibérer.

ÉMILE

.

Ma haine est apaisée,

Je dédaigne à présent une vengeance aisée,

J'ai perdu le courroux dont j'étais enflammé ;

Et je ne me bats point, n'étant point animé.