Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/356

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Un plus beau nœud succède, à son premier lien,

Et votre changement autorise le sien.

DIONYS

.

Madame, que le Ciel s'oppose à mon envie,

Si j'avais proposé de changer de ma vie ;

Et si je ne voyais d'un œil indifférent

Cette divine Érante, à qui mon coeur se rend ;

Vos rigueurs ont trouvé ma constance invincible,

Mais vous m'offenser plus volage qu'insensible :

Et je redoutais moins, lorsque je fus atteint,

De constantes froideurs, qu'un brasier qui s'éteint :

Je n'ai point murmuré, le respect qui me reste,

M'a fait souffrir sans plainte un tort si manifeste,

Mais ne vous blâmant point, je vous peux imiter,

Un de ses deux effets ne se peut éviter,

Je change comme vous, et sans peur qu'on m'accuse,

On a droit de reprendre un présent qu'on refuse,

Je ne m'oppose point à vos prospérités,

Un autre a bien voulu ce que vous rejetez,

À mes chastes desseins, Lisidan cède Érante,

De qui l'affection m'est assez apparente.

AMÉLIE

.

Et bien vivez content.

ÉRANTE

.

Enfin j'ai le secours

Que je n'espérais pas à mes chastes amours ;

Dieux la rare faveur, et l'extrême assistance,

Que ma fidélité doit à votre inconstance.

AMÉLIE

.

Dionys vaut beaucoup, mais un plus beau vainqueur,

A la gloire, ma sœur, de lui ravir mon coeur :