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NOTICE

porter l’intérêt du spectateur sur Polynice, en représentant Étéocle, qui a la puissance en main, comme un tyran. Les deux auteurs françois, au contraire, ont montré Étéocle comme un homme humain, aimé du peuple qu’il gouverne, tandis que Polynice est vraiment odieux. On le plaint dans Euripide ; on le hait dans les deux tragédies françoises.

Rotrou, au milieu de son troisième acte, ayant épuisé les Phéniciennes d’Euripide, commence alors le sujet de l’Antigone de Sophocle, qui conduit sa pièce jusqu’au dénoûment. Cette double action, qui déjà est un défaut, a de plus le fâcheux inconvénient, attaché au second sujet, de refroidir l’action et de détruire tout l’intérêt au moment où il devroit être le plus fort. Le sujet de la première tragédie grecque peut plaire à des spectateurs françois et les attacher ; mais la nécessité de donner la sépulture à un mort n’est pas, selon nos mœurs, assez puissante pour produire sur nous des émotions tragiques.

Malgré les nombreux défauts de cette tragédie, elle obtint un grand succès devant un public devenu plus délicat par la représentation