Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/65

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Renverse Polynice et sa témérité,

Et lui coûte un trépas justement mérité.

Étécole avec cœur a pris notre défense ; [1035]

Aussi sais-je des deux faire la différence :

J'entends qu'avec ma cour toute la ville en deuil

Demain rende au dernier les honneurs du cercueil ;

Mais mon autorité ne peut sans injustice

Décerner ces honneurs au corps de Polynice : [1040]

Il importe à l'État qu'un ennemi juré,

Qui s'est ouvertement contre lui déclaré,

De sa rébellion reçoive le supplice,

Et demeure privé de ce funèbre office.

Cléodomas

Un grand roi père tout d'un contrepoids égal, [1045]

Rend le bien pour le bien, et le mal pour le mal.

Que Thèbes aujourd'hui dressât des funérailles,

À qui voulait hier abattre ses murailles,

Qui marchait sur les siens pêle-mêle accablés,

Qui fit avec le feu la moisson de ses blés, [1050]

Et qui demain peut-être eût pu voir avec joie

Embraser par les Grecs cette seconde Troie !

Qu'elle lui décernât les honneurs du tombeau !

Ce zèle est sans exemple et serait tout nouveau.

Ephise

C'est trop, Cléodamas, exagérer son crime : [1055]

Que sa prétention fût ou non légitime,

Encore ce traitement paraît-il inhumain ;

Il fut homme, il fut noble, il fut prince et Thébain.

Je veux qu'il soit coupable ; il laisse en son offense

Une matière au Roi d'exercer sa clémence. [1060]

D'un règne commençant la première action

Fait dessus les esprits beaucoup d'impression,